Extraits tirés d'une conférence du Père Varillon.
(...) Il est vrai à la lettre que les cabinets de psychothérapie et de psychanalyse sont assiégés. Pour ce qui est de la confession, les catholiques qui ne l'ont pas abandonnée complètement s'interrogent sur son utilité ou sur sa nécessité. On sent bien que, de toute manière, elle leur ait à charge. Et plus d'un, pour des raisons qui ne sont pas des raisons de facilité, des raisons de laissez-aller moral, verraient d'un bon œil la suppression du sacrement de pénitence. Nous entendons fréquemment des propos dans le genre de celui-ci : " pourquoi faut-il aller raconter ses péchés à un homme plutôt que de les confesser directement à Dieu, puisque ce qui compte, après tout, c'est la conversion intérieure." Il y en a qui redoutent que la confession ne soit une façon de se déculpabiliser à bon compte, une sorte de pratique magique et routinière de "vider son sac". C'est ainsi qu'un jeune homme de 25 ans disait récemment : " C'est tout de même trop facile, on commet des péchés, on va voir le curé dans sa boite, on lui raconte quelques histoires et le tour est joué, on repart à zéro. Dans ce cas, autant aller trouver une machine automatique, une machine à absolutions."
Les uns redoutent les confesseurs rigoristes, voire scrupuleux, qui traitent le cas qu'on leur présente un peu comme ils le faisaient au temps de leur jeunesse cléricale, dans les exercices de séminaire, comme s'ils avaient devant eux un péché en quelque sorte abstrait et non pas un homme pécheur dans sa complexité vivante. Les autres redoutent tout autant les confesseurs débonnaires qui débitent une exhortation toute faite qui n'a pas de lien avec l'accusation qu'ils ont entendue et des problèmes réels du pénitent. Il semble bien que la confession telle qu'elle se pratique encore actuellement dans l'Eglise, soit devenue une pierre d'achoppement pour des catholiques de plus en plus nombreux. Disons donc qu'il y a un malaise.
Alors la première chose à faire c'est de chercher les causes du malaise.
Je pense qu'il faut laisser de côté tout ce qui serait orgueil, relâchement, absence d'esprit de sacrifice, refus d'humiliations. Il y a un peut-être un peu de tout cela. Mais je pense tout de même qu'il y a quelque chose de plus profond. Et c'est là que nous commençons à saisir qu'il peut y avoir une sorte de concurrence entre le sacrement de pénitence et la psychanalyse ou, plus généralement, la psychothérapie. En effet, la conscience humaine a évolué dans le sens d'une découverte progressive d'un Dieu qui n'est pas d'abord Juge mais qui est d'abord Père. On comprend très mal que la pénitence soit traditionnellement présentée comme un "tribunal" ; c'est une expression qui était classique autrefois : "le tribunal de la pénitence". Ce mot de "tribunal" évoque à la conscience un contexte juridique et même policier qui relève d'un âge révolu Le mot "tribunal" fait penser à un Dieu autoritaire qui dicte des lois. Et des lois plus ou moins arbitraires : c'est comme ça parce que c'est comme ça. Des lois auxquelles il faut obéir minutieusement si l'on veut gagner le ciel et éviter l' enfer.
A suivre...
Père François Varrillon