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Chemin vers Pâques (11)

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Bref, l'homme doute de Dieu, et plus précisément de la générosité, de la gratuité de son amour. Et l'on reconnaît ici que le péché s'oppose directement à la foi ; les Prophètes d'ailleurs le souligneront, et " l'histoire du péché", tout au long de l'Ancien Testamment, en sera la vivante illustration.

Enfin il faut remarquer que si c'est à l'instigation du démon, évidemment figuré par le serpent dans le récit de la Genèse, que l'homme a péché, il est à présumer que le péché de l'homme et celui du démon sont du même ordre. Le venin de celui-ci a été inoculé à celui-là. Et nous sommes inclinés à croire que c'est un péché d'orgueil, et plus précisément une volonté désordonnée d' être comme Dieu, qui a entraîné l'Ange rebelle à la perdition. Nous avons donc là encore une confirmation de la nature profonde du péché de l'homme. 

Du désordre introduit par la faute d'Adam dans ses relations avec Dieu découlent toute une série d'autres désordres : dans ses relations inter-humaines désormais faussées par la convoitise et le désir de domination, dans ses relations avec le monde infra-humain maudit à cause  de lui et dont il ne tirera sa subsistance qu'à force de peines et à la sueur de son visage, dans son être même maintenant promis à la mort,... pour ne rien dire de l'hostilité entre le lignage de la femme et le démon. C'est cet ensemble de désordres qui constitue la "condition de [34] péché" : celle d'Adam et celle de toute sa descendance, c'est-à-dire celle de toute l'humanité. Et c'est cet ensemble de désordres qui conditionnera effectivement tous les péchés au long de l'histoire humaine.

Ainsi, dans la pensée du yahviste, tous les désordres et tout le mal dont souffre l'humanité s'enracinent dans la volonté perverse du premier homme de devenir par lui-même comme un dieu, et, de ce fait, tout péché est, dans son fond, désir désordonné de prendre la place de Dieu et de se faire soi-même son propre dieu (cf note plus bas). Et cela reste vrai même si cette auto-idolâtrie ne se laisse reconnaître comme telle que bien rarement : car non contente de ne s'exprimer habituellement que dans des actes qui n'ont en apparence rien de commun avec elle, le plus souvent elle se cache soigneusement à la conscience même du pécheur.

 

Note : Le problème du péché originel est immense, mais n'entre pas dans notre sujet. Disons seulement que la pensée du yahviste est évidemment tributaire des conceptions de son milieu. Mais si sa vision des origines de l'humanité ne peut plus être la nôtre, il n'en reste pas moins le témoin inspiré de certaines vérités qui demeurent essentielles pour la foi chrétienne : celles, en particulier, de la solidarité de l'humanité entière dans le péché, de sa condition de déchéance qui n'est pas sa condition "naturelle", et de la nature profonde du péché. (note du P. Claude Richard)

Claude Richard - Il est notre Pâque - Cerf , 1980  

Claude Richard a été abbé de l'abbaye cistercienne Notre-Dame de Timadeuc, près de Rohan

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