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Artisanat de la Parole (3) : dès le matin

Si la lectio divina est un métier artisanal, comme d'emblée nous l'avons reconnu, nous ne nous étonnerons guère qu'elle en présente tous les caractères, qu'il s'agisse de ses procédés, de son esprit, de l'atmosphère ambiante qu'elle nécessite. Aussi estimons-nous opportun d'insister maintenant sur trois notes intimement solidaires de ce caractère essentiellement "laborieux" de la lectio : la révérence, la régularité, l'effort. De la sorte, nous rentrons peu à peu dans ces considérations plus pratiques que vous êtes certainement impatients d'aborder.

Commençons par la révérence. Que voulons-nous dire par là ? L'exercice de tout métier manuel, en particulier artisanal, s'entoure d'une sorte de gravité : il n'est que d'en observer les gestes obligés, ritualisés par l'expérience et l'histoire, et la manière dont ils traitent leur matière propre : la terre, la pierre, le bois, le métal, la chair même. Eh bien ! la révérence avec laquelle nous traitons la Parole doit apparaître d'abord dans la préséance concrète et effective que nous lui accordons dans nos journées. Car c'est dans cette Parole-là que, dès le matin, l'on se lève et l'on se lave. Commencer immédiatement par la Parole : voilà ce qui fait un jour noble, un jour "bien élevé", un jour que le Seigneur a fait  (Ps 118,24) ! Un jour immédiatement assis sur la Parole est un jour qui tiendra debout, parce que cette priorité très concrètement accordée à la lectio consolide chaque matin que le bon dieu fait l'orientation foncière de notre vie. Souvenons-nous du  troisième Chant du Serviteur : Il éveille chaque matin, il éveille mon oreille pour que j'écoute comme un disciple. Le Seigneur Yahvé m'a ouvert l'oreille, et moi je n'ai pas résisté. (Is 50, 4-5) La Parole est notre clairon, notre coq et notre Réveille-Matin ! (...) Ressusciter chaque matin à la Parole : voilà une excellente règle d'hygiène. (...) Et puis c'est encore cette Parole que nous devons emporter, le soir, dans notre sommeil ; c'est elle que nous devons mettre sur notre table de nuit. (...)

Chaque fois que, dans le silence de votre chambre, vous ouvrez le Livre, pensez à la mystérieuse et merveilleuse synchronie qui relie votre geste à celui de l'Agneau ; pensez aussi que chacune des pages de ce Livre - immaculée - est tachée du sang de l'Agneau, car Jésus, dont il ne nous reste pas trace d'écriture (cf. Jn 8,8), n'a jamais rien écrit qu'avec son sang. Tu es digne, Seigneur, de recevoir le Livre et d'en ouvrir les sceaux... (Ap 5,9) Oui, ce Livre-là s'ouvre sur la terre comme au ciel, simultanément.

      à suivre...

François Cassingena, Lettre sur la Lectio divina  

F. Cassingena est moine à l'abbaye de Ligugé.

Ses livres (en particulier Etincelles I, II et III) peuvent être commandés en ligne : http://www.europart-diffusion.com/f/index.php?sp=coll&collection_id=4

 

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