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La symbolique du mal (3/3) : la connivence existentielle

156. C'est un fait que la théologie s'est surtout attachée à recenser les dégâts causés par le péché originel dans les individus pris à part, quitte à les relier les uns aux autres par le seul moyen de la génération, c'est-à-dire par le canal d'une transmission biologique. Aujourd'hui, à la suite de certains Pères grecs, nous sommes plus portés à souligner la solidarité humaine : non pas en recourant à l'unité généaolgique (fort improbable, on le sait), mais en indiquant la "connivence existentielle" qui soude les hommes entre eux et conditionne l'exercice de leur liberté. Qu'est-ce à dire au juste ? Nous avons un moyen christologique de le savoir, ou au moins 157. d'en approcher. Nous savons en effet, par la Révélation qui tombe de la croix, que le règne de la disgrâce est l'antithèse du Royaume de grâce. Or, ce Royaume de grâce est une communion dans laquelle le frère est pour son frère un intermédiaire de salut ; car tel est le dessein de Dieu, qui nous offre son amitié par le témoignage de l'autre. Dès lors, la solidarité pécheresse de l'humanité, qui a nom adam, peut être comprise comme un monde mortel, où la communion avec Dieu ne parvient plus par le moyen prévu : la communion fraternelle. Car tout homme, en choisissant délibérément le péché, refuse du même coup d'être pour son prochain un intermédiaire de grâce. C'est le contraire exact de la communauté apostolique, où chaque frère est pour l'autre un vivant évangile. Une telle analogie n'est pas sans mérite; elle réintroduit en effet la réciprocité des consciences, langage si parlant pour nos contemporains.

André Manaranche - Je crois en Jésus-Christ aujourd'hui - Seuil 1968

 

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