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Le cyclone de la Pentecôte

51. Il ne s'agit pas de régresser vingt siècles en arrière, en désertant la problématique de notre temps, pour retrouver une sorte de pureté première qui monopoliserait tout l'Esprit-Saint. L'histoire de l'Eglise n'est pas celle d'une lente dégradation de la foi. Le cyclone de la Pentecôte, en propulsant au-dehors les apôtres timorés, a balayé le mythe d'un âge d'or du christianisme ; le Cénacle n'est pas un paradis perdu.

Reste que l'expérience des Douze, consignée dans l'Ecriture, sert de référence aux siècles postérieurs. Aussi notre foi contemporaine, dont nous savons les manifestations si vivantes, doit-elle sans cesse se confronter à la conscience que les compagnons de Jésus  ont eue du Royaume de Dieu, de sa logique interne, de ses méthodes et de sa fin. En effet, le Christ qui grandit dans notre monde ne peut différer du Christ que révèle l'Ecriture. Si le déchiffrage que nous faisons actuellement du Dessein paternel ne correspondait plus à la Révélation apostolique, si cette dernière semblait comme dépassée par nos capacités présentes d'interprétation, ce serait le signe navrant que nous aurions changé de foi en cours de route, même à travers la continuité d'une même formulation. 

Mais en quoi consiste, au juste, l'expérience des Douze ? Lorsqu'il fut question de remplacer Judas, le critère donné par Pierre fut le suivant : " Il faut donc que, de ces hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, en commençant au baptême de Jean jusqu'au jour où il nous fut enlevé, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection" (Ac 1, 21-22). Bien sûr, une telle définition correspond à une expérience intransmissible, même aux évêques ; et Paul lui-même  dut justifier, pour ceux qui se réclamaient de Céphas ( 1 Co 1,12), sa qualité d'apôtre et la valeur de son "évangile" personnel : " Ne [52] suis-je pas apôtre ? N'ai-je donc pas vu Jésus, Notre-Seigneur ? "(1 Co 9,1). Pourtant, quel que soit notre appel, nous devons entrer dans cet itinéraire spirituel, qui va de l'apparition de Jésus-Christ jusqu'à sa disparition. 

Ce cheminement que nous restitue après coup la rédaction évangélique, dans une lumière postérieure aux événements, nous pouvons en baliser ainsi les étapes : 1°) la foi constituée ; 2°) la foi engagée ; 3°) la foi scandalisée ; 4°) la foi confirmée ; 5°) la foi professée.

André Manaranche - Je crois en Jésus-Christ aujourd'hui - Seuil 1968

 

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