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chemin de pardon (2)

La réalité du pardon est centrale dans la foi chrétienne, car elle constitue l'expérience la plus radicale du caractère absolument asymétrique de notre relation à Dieu. Non seulement Dieu est notre créateur, mais lui seul peut faire de notre réponse à son amour  l'accomplissement de notre liberté. Le sentiment de notre impuissance fait partie du chemin de la foi et nous confronte à la gratuité de la fidélité divine. Cette expérience par excellence du salut en Jésus Christ peut, comme toute chose, être pervertie lorsqu' une gestion tout humaine de notre sentiment de culpabilité prend le pas sur la rencontre du Tout Autre. Cette libération intérieure qu'est la réception effective du pardon n'est certes pas programmable et ne saurait être instrumentalisée comme moyen de salut. La confession du péché, lorsqu'elle résulte plus de l'attention à notre sentiment de culpabilité que de l'écoute de la Parole, loin d' être libératrice dramatise notre responsabilité sans permettre une véritable dessaisie de soi dans la confiance en Dieu. La foi cesse alors d' être un chemin de vie si l'attention portée à la réalité du péché centre le croyant sur la dimension négative de son existence. Cela survient lorsque l'exercice scrupuleux du devoir religieux d'introspection prévaut sur cet appel intérieur de la Grâce que traduit une authentique contrition.

La confession du péché devrait être en tout état de cause un véritable décentrement de soi, une ouverture sans condition à la lumière et à l'amour de Dieu. Elle doit dépasser le stade de l'examen de conscience pour devenir cette audacieuse intrusion dans l'abîme de la miséricorde par-delà tout sentiment de misère ou de culpabilité. La véritable confession du péché est confession de la foi, confiance radicale, saut sans garantie dans l'Infini de l'amour. Le sentiment de culpabilité, comme réalité aussi bien morale que psychologique, fait place alors à la reconnaissance libératrice du péché: la vérité de notre être devant Dieu, au regard de sa sainteté infinie, est que nous ne sommes que péché. Le scandale d'une telle affirmation n'est autre que le scandale de la Croix sur laquelle Dieu s'est fait péché pour nous (cf. 2 Co 5,21). La miséricorde de Dieu que Jésus révèle est à la mesure de l'infinie distance qui nous sépare de sa sainteté. Non seulement le Père ne retient contre nous aucune dette, mais il s'identifie en son Fils à notre perdition pour nous unir à lui. S'ouvrir sans limites à son pardon, c'est laisser ce dynamisme de l'amour divin nous conduire peu à peu à la suite de Jésus dans la liberté des enfants de Dieu.  

Olivier Rousseau - L'inconnu en chemin - DDB, 2008 pp.100-101

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