Ce n'est pas parce que nous étions pécheurs que Dieu, dans une sorte de remords d'artiste, a choisi de faire de nous ses fils en Jésus-Christ. Mais, alors même que nous étions pécheurs, enfermés dans notre suffisance et bloqués dans notre peur d'aimer, Dieu a persisté dans son projet, plus originel que le péché, de faire de nous des interlocuteurs, des partenaires, rendus capables par son Esprit de partager l'intime communion qu'il vit depuis toujours avec son Fils bien-aimé. Ce n'est pas à cause du péché que le Fils éternel du Père s'est fait homme. C'est malgré le péché, pour nous faire vivre quand même de la vie de Dieu. Mais c'est à cause du péché que Jésus, le Christ, prévu de tout temps pour nous diviniser , a pris sur son dos, avec sa croix, le poids de nos refus.
Dès lors ce n'est pas de la considération de notre péché qu'il faut forcement partir pour nous décider à le suivre. Ce n'est pas toujours la conscience du péché qui est le premier pas de la conversion. Les longues listes des examens de conscience n'y suffisent pas. Pire, elles peuvent être chemin de désespoir. (...)
J-N Bezançon - Dieu n'est pas bizarre - Bayard éditions/1996 p.26