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sauvés

  • Sauvés mais encore ?

    Le christianisme est une religion de salut : Dieu sauve. Mais comme le salut est habituellement compris  comme un sauvetage, Dieu risque de n'apparaître que comme un sauveteur, dont l'intervention serait conditionnée par le mal dont il nous délivre : misère, perdition, péché.

    Avec comme conséquence que sans le mal Dieu n'aurait plus rien à nous dire ni plus rien à faire. Combien d'hommes et de femmes n'ont plus rien à demander à Dieu, un Dieu dépanneur, quand tout va pour le mieux dans leur vie ? Au point d'ailleurs que des chrétiens charitables de leur entourage se chargent alors de leur montrer que tout ne va pas si bien. Comme si l'Evangile ne pouvait rien leur apporter tant qu'ils " s'en sortent " très bien tout seuls.

    Le combat contre le mal, sous toutes ses formes, parce qu'il fut le combat de Jésus, est bien l'une des dimensions fondamentales de l'existence chrétienne. Mais d'abord parce que le mal, la souffrance, l'injustice, le péché, est contraire au projet de Dieu sur l'homme et sur le monde, un projet plus radical, plus originel, que le mal et le péché. (...)

    Dans la Bible, le salut, c'est beaucoup plus qu'un sauvetage. C'est tout ce que Dieu entreprend pour nous faire vivre et revivre. Bien sûr Dieu délivre, Dieu libère, mais lorsqu'Israël fait mémoire de l'exode, de la sortie d'Egypte, de la victoire sur la mer, sur la mort et sur Pharaon, il prend bien soin de souligner que le Seigneur l' " a fait sortir " du  pays de servitude que pour le " faire entrer " dans le pays de la promesse " où coulent le lait et le miel ". La libération n'est pas un but en soi. Sortir d'Egypte pour tourner en rond dans le désert n'aurait pas de sens. Le projet de Dieu c'est l'alliance : " Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. "  (...) Et nous aussi, aujourd'hui, lorsque nous répétons que Dieu sauve, nous pensons trop exclusivement à ce dont il nous sauve, sans prendre conscience suffisamment de ce vers quoi il nous sauve.

    (...) il y a ce dont nous sommes sauvés, le mal et la mort auxquels nous sommes arrachés, et il y a ce vers quoi nous sommes sauvés, la vie, ce qui nous est promis et donné. Ce n'est pas parce qu'il est dans l'esclavage que Dieu choisit Israël, mais parce que c'est son peuple et pour en faire son peuple, alors même qu'il est en esclavage. Ce n'est pas parce que nous sommes pécheurs que Dieu, aujourd'hui encore, vient nous chercher et nous tend la main. C'est parce qu'il tient à nous et qu'il veut que nous tenions à lui, alors même que nous sommes empêtrés dans le péché.

    Jean-Noël Bezançon - Dieu n'est pas bizarre - Bayard/Centurion, 1996 pp.22.23.24