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rationaliste

  • Un ersatz de transcendant

    Il faut qu'une religion soit profondément dégénérée, ou que le jugement qu'on porte sur le sentiment religieux soit profondément corrompu, pour associer naturellement la religion et la peur.

    C'est vrai qu'au moment du péché originel, un lien de confiance réciproque entre Dieu et l'homme a été rompu. L'objet même d'une religion authentique me paraît être de rétablir dans son intégrité vivante ce lien de confiance originelle. Cela me paraît même être le but premier de l'incarnation du Verbe de Dieu et de la venue de Jésus-Christ en ce monde.

    Mais le monde moderne n'est plus chrétien, et ce qui y subsiste du christianisme est dégradé. Chaque fois que la peur a dominé la vie chrétienne, chaque fois que cette religion est devenue triste, on peut dire qu'elle était profondément dégénérée. C'est arrivé souvent dans l'époque moderne avec le puritanisme et avec le jansénisme. (...) Le rationalisme scientiste, dont l'obsession constante fut de refouler du champ de la connaissance  toute notion de création et de surnaturel, comporte pour moi bien des traits qui l'apparentent au puritanisme.

    Ce refoulement scientiste de la transcendance m'inquiète : j'ai peur qu'il ne débouche sur des superstitions et des fanatismes, sur des sectes proprement ahurissantes, sinon meurtrières, comme celle qui occasionna le suicide collectif de Guyana. Après une si longue diète, qui nous a privés de toute familiarité  avec le transcendant, je m'attends aux pires débordements dus à la parapsychologie, au spiritisme, à toute entreprise qui nous offrirait un ersatz de transcendant. 

    R.L Bruckberger - La Révélation de Jésus-Christ - Grasset, 1983