Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

présence réelle

  • L'Eucharistie (6)

    La Présence réelle (suite de la conférence donnée par le père Varillon en 1975)

    (...)

    Présence réelle qui fait difficulté pour beaucoup et il faut bien reconnaître qu'il y a là, au plan de l'explication, quelque chose qui est un peu difficile et extrêmement mystérieux.

    Pour exprimer les choses, il y a un langage théologique. Le langage théologique classique vient du Concile de Trente et le mot que nous employons c'est le mot : " transsubstantiation". Comme les mots "conversion", "espèces", "apparence", le mot "transsubstantiation" est devenu inintelligible à tout le monde. Vous comprenez bien qu'à chaque époque de l'histoire nous entendons la Parole de Dieu à travers des cadres de pensée, à travers des conditions d'existence que nous recevons de la civilisation et de la culture. La véritable théologie procède d'un effort qui doit être constamment repris pour annoncer la foi de toujours dans le langage d'une culture mouvante. Toute culture qui vient au jour interpelle la foi. Cette culture interpelle l'Eglise, interpelle la foi. Vous parlez de "transsubstantiation, expliquez-vous ! Qu'est-ce que vous voulez dire ? Et il arrive que l'Eglise réponde avec des mots humains qui n'ont pas l'éternelle jeunesse de l'Evangile.

    Et je m'en vais vous proposer un texte : je vous lis le texte du Concile de Trente concernant la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Posez-vous la question : est-ce que je comprends ? Posez-vous cette question très sincèrement. Voici ce texte  : " Le Concile enseigne et professe que dans le Sacrement de l'Eucharistie , après la consécration du pain et du vin, Notre Seigneur Jésus-Christ vrai Dieu et vrai Homme, est présent vraiment, réellement et substantiellement sous l'apparence de ces réalités sensibles que sont le pain et le vin." Un peu plus loin, le Concile précise : "le Christ n'est pas seulement présent en signe, en figure ou par sa vertu, mais toute la substance du pain et du vin se trouve changée vraiment et réellement en la substance du Corps et du Sang du Christ cependant que demeurent les espèces ou les apparences du pain et du vin. Ce changement est appelé de façon très approprié : "transsubstantiation". " voilà. Tout cela est vrai ! rigoureusement vrai ! Mais à l'époque du Concile de Trente cela ne faisait pas problème, car la science n'était pas en ce temps là ce qu'elle est maintenant. Il y a le pain tel qu'il est sur notre table avec une certaine forme : c'est une flûte, ou un petit pain, c'est une couronne, une baguette, il est frais ou il est rassis, il a un certain poids, il a une couleur ou il est bien doré... : tout cela ce sont les apparences du pain. Qu'est-ce que de nos jours nous appelons la "substance" du pain ? c'est le pain tel qu'on peut l'analyser dans un laboratoire pour voir quels sont les éléments qui le constituent. Je n'ai pas de compétence particulière mais tout ce que je sais c'est que dans le pain il y a du gluten. Il n'y a pas que ça. Dans un laboratoire on analyse les éléments qui constituent le pain pour voir en quoi consiste la substance du pain. Et vous n'allez pas quand même imaginer que dans une hostie consacrée qui serait analysée chimiquement dans un laboratoire vous y trouverez le Corps du Christ. Jamais ! Jamais l'Eglise n'a prétendu une absurdité pareille ! Donc quand le Concile de Trente parlait de "transsubstantiation" (changement de substance) il ne s'agissait pas de la substance telle que nous l'entendons aujourd'hui. Qu'il s'agisse du pain tel qu'il apparaît sur notre table ou qu'il s'agisse du pain quand il est analysé dans un laboratoire c'est exactement la même chose. Ce n'est pas à ce niveau là que se situe la conversion du pain dans le Corps du Christ. Alors vous allez me dire : à quel niveau cela se situe ? La question est très difficile parce qu'elle est philosophique et que là c'est un mystère extrêmement profond. je pense que là il faut être très modeste et dire simplement : un être est ce qu'il est pour Dieu, en profondeur. La réalité profonde d'un être n'est pas sa réalité physico-chimique. Le pain et le vin sont réellement le Corps et le Sang du Christ, en profondeur, mais à un niveau qui n'a rien à voir avec la réalité physico-chimique. Entre catholiques et protestants la question de la présence réelle ne fait pas difficulté parce que si on a vraiment compris que la réalité la plus profonde dire que le Christ est réellement présent dans l'Eucharistie ou dire que sa présence est signifiée, c'est exactement la même chose. Alors je sais qu'il y a eu des controverses depuis la Réforme entre catholiques et protestants, à mon sens elle sont totalement périmées. L'important c'est de ne pas se tromper sur la signification du mot substance. Jamais saint Thomas d'Aquin n'imaginait une seconde qu'en analysant chimiquement une hostie consacrée on y trouverait le Corps du Christ. Jamais. Mais dans les siècles qui ont suivi la grande époque de la philosophie de saint Thomas d'Aquin il y a eu de la dégradation intellectuelle et les conflits se sont situés dans une zone tout à fait médiocre. Je reconnais qu'au plan pastoral, au plan de l'éducation de la foi, on ne sait pas trop comment s'exprimer. Je pense qu'il faut dire d'abord ceci : après la consécration, ce qui demeure ce sont les apparences sensibles du pain tel qu'il est sur notre table ainsi que leurs propriétés physico-chimiques (la substance physico chimique). Le changement se situe en une zone beaucoup plus profonde au niveau de ce que j'appelle "l'être et le signe" 

                                                                      A suivre...prochain post

                                                                      François Varillon s.j