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monothéisme

  • César n'est pas Dieu

    C'est cela croire en Jésus et en sa divinité : non pas croire en quelqu'un qui viendrait supplanter Dieu en se prenant pour lui, ni croire en un second Dieu, puis en un troisième, avec le Saint-Esprit, mais découvrir en Jésus la révélation la plus parfaite de l'identité de Dieu : il est don, partage, communion, au point de désirer nous y associer.

    Ceux qui, avec nous et comme nous, croient en un seul Dieu, en particulier les juifs et les musulmans, qui se réfèrent partiellement à la même tradition, nous reprochent souvent, en raison de notre affirmation de la divinité de Jésus, de trahir cette foi au Dieu unique, ce "monothéisme", comme si Jésus venait en quelque sorte dédoubler Dieu. Alors que, pour nous, Jésus lui-même, sa foi, sa relation à Dieu, ne peuvent se comprendre précisément que dans le cadre de cette foi au Dieu unique.

    Croire en un seul Dieu, en effet, "être monothéiste", n'est pas seulement une opinion ou une croyance, c'est un art de vivre et un combat : c'est le parti pris de proclamer, mais surtout de manifester dans les choix concrets de l'existence, que Dieu seul est Dieu, et que rien ni personne d'autre ne doit être divinisé. C'est le refus absolu des idoles, qui va beaucoup plus loin  que le rejet de statuettes ou de fétiches : c'est le refus effectif de la divinisation de tout ce qui n'est pas Dieu.

    Si Dieu seul est Dieu, alors l'argent n'est pas Dieu, ni le profit, ni les sacro-saintes lois de l'économie. César n'est pas Dieu, ni aucun pouvoir, même fort respectable. Le sexe n'est pas Dieu, ni la famille, ni aucune affection, ni aucun lien social ou national. La religion elle-même n'est pas Dieu, ni ses représentants les plus vénérables. Tout cela certes peut être bon et honorable, mais ne doit jamais être absolutisé, sacralisé : Dieu seul est Dieu. (...)

    C'est bien pourquoi le Sanhédrin, Hérode et Pilate, percevant clairement la menace qu'il [Jésus]  faisait peser sur la sacralisation de leurs pouvoirs, tant politiques que religieux, se sont reconciliés sur son dos afin de le supprimer.(...)

    Avec Jésus et comme lui, les chrétiens croient donc bien en un seul Dieu, le Père. Mais ils reconnaissent dans la personne de Jésus une telle relation au Père, une telle façon de vivre jusqu'au bout, de Dieu et pour Dieu, qu'ils croient en lui, Jésus, le reconnaissant comme le Fils unique du Père et sa parfaite révélation. " Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi", leur avait dit Jésus (Jn 14,1) Cet "aussi" n'additionne pas la divinité de Jésus à celle du Père. Oui, il est bien quelqu'un d'autre, une autre "personne", sans quoi il n'y aurait pas entre eux dialogue et communion.

    J-N Bezançon - Dieu n'est pas bizarre - Ed. Bayard/Le Centurion 1996 pp. 69-71