Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

miracles

  • Pardonner à Dieu

     

    Suite...

    31. La première [des trois réponses spéculatives], c'est que nous sommes invités à partager le combat de Dieu, à la suite du Christ, contre les forces du mal. Il y a un retrait de Dieu, il y a une certaine impuissance de Dieu par rapport à sa création, c'est vrai. Une impuissance de Dieu aussi par rapport à l'Histoire. Cette impuissance est l'envers de l'immense responsabilité de l'homme dans l'ordre du bien comme dans l'ordre du mal. Alors, nous ne devons pas compter, même si notre époque a toujours la hantise des miracles, sur des miracles extraordinaires dans l'ordre de la nature ou dans celui de l'Histoire, pour prévenir des catastrophes naturelles ou des miracles pour apaiser la violence de l'Histoire. Jésus lui-même n'a pas partagé la toute puissance de Dieu contre la violence du mal. La seule preuve que Dieu ne nous a pas trahis , c'est qu'il est toujours présent dans l'Histoire, et ce sont les miracles de la charité. La seule réponse à l'excès du mal, c'est l'excès de l'amour qui va jusqu'au don de la vie. J'ai souvent cité cette réflexion si profonde d'André Malraux, dans ses Antimémoires : " S'il est vrai que pour un esprit religieux les camps de concentration, comme le supplice d'un enfant innocent par une brute posent la suprême énigme, il est vrai aussi que pour un esprit agnostique, c'est la même énigme qui surgit avec le  32. premier acte de piété, d'héroïsme ou d'amour." Ce qui atteste, malgré le silence de Dieu, la présence de Dieu dans l' Histoire, ce sont les miracles de la charité.

    En second lieu, je dirai qu'au-delà de la révolte et de la résignation il y a une autre attitude, et c'est l'expérience de la souffrance comme lieu possible d'une rencontre privilégiée avec Dieu. Je dis cela prudemment parce qu'il faut être passé par là pour oser le dire. Finalement au-delà de la révolte et de la résignation, il y a l'expérience de la grâce. Si étrange que cela puisse paraître, la grâce des grâces, et je reprendrai le mot de Georges Bernanos, n'est pas de pardonner aux autres, mais d'apprendre à pardonner à Dieu lui-même. Dans Le Journal d'un curé de campagne, il y a cette scène dramatique où la vieille comtesse, au terme d'un long dialogue avec le curé d'Ambricourt, finit par jeter dans le feu de la cheminée un médaillon qui contient une mèche de cheveu de son petit garçon qui est mort en bas âge. Or elle n'a jamais accepté ce deuil. Eh bien, à ce moment-là, et c'est le curé qui parle, "elle rend les armes". Elle ne se résigne pas, mais enfin elle pardonne à Dieu sa trahison.

                                                                           A suivre...

     

    Claude Greffé dans "La religion, les maux, les vices" - Conférences de l'Etoile présentées par Alain Houziaux - Presses de la Renaissance, Paris 1998 - ISBN 2-85616-708-X

  • le doigt de Dieu

    Jésus présente les miracles et l'annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres comme la réalisation du Règne. Des gestes de puissance tels que guérison, exorcismes et résurrections en témoignent ainsi que des paroles et des actions prophétiques.

    Jésus accomplit cela de sa propre autorité, à la différence des thaumaturges païens qui font appel à la puissance d'une divinité ou des prophètes juifs qui en ont reçu l'ordre de Dieu. Les exorcismes en particulier représentaient une pratique fréquente dans le peuple juif aussi bien que dans le monde païen au temps de Jésus. Celui-ci en a fait usage, mais sa manière de procéder est singulière : il ne prie pas Dieu ; il n'impose pas les mains ; il ne prononce pas d'incantations, ni de formules magiques ; il n'invoque le nom de personne et n'utilise pas d'objets religieux. Il se contente d'admonester, de commander et d'expulser le démon. L'originalité de Jésus ne tient donc pas à ce qu'il fut exorciste, mais à sa manière de faire les exorcismes. Il n'a pas besoin de faire appel à Dieu pour agir au nom de celui-ci et comprendre sa volonté. Aussi déclare t-il solennellement : " Si c'est par le doigt de Dieu que j'expulse les démons, c'est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu'à vous " ( Mt 12,28). L'expression "doigt de Dieu", absente du reste du Nouveau Testament, se trouve dans le Premier Testament à propos de la troisième plaie d'Egypte (cf. Ex 8,15) Les magiciens confessent alors leur impuissance à reproduire la plaie des moustiques et déclarent y reconnaître le "doigt de Dieu". (...)

    Olivier Rousseau - L'inconnu en chemin - DDB, 2008, pp. 46-47