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fragilité

  • On demande des pécheurs 13

    Série de textes tiré du livre de Bernard Bro, O.P : "On demande des pécheurs" Cerf, Ed 2007. Première édition 1969

    (...)

    [82]

    Nous ne sommes pas seuls

    (...) Pourquoi est-ce que nous nous confessons si peu, et si mal, quand nous atteignons la maturité ? Pourquoi avons-nous tant de peine à découvrir que ce qui nous blesse est justement ce qui peut devenir la part bénie de notre vie ? Peut-être est-ce parce qu'elle nous ramène à la vérité ? 

    Ce que nous avons de plus à nous, qu'il s'agisse des hommes ou des peuples, la faiblesse... notre faiblesse. Ce n'est pas celle du voisin, mais la nôtre, notre part. Nous ne pouvons pas nous tromper, non pas forcément sur notre chute, mais sur le sens de notre fragilité. Ajoutons que nous ne fabriquons pas le pardon, c'est un autre qui nous le donne. Il nous faut apprendre à recevoir. Cela nous est dur d'accepter de recevoir un salut, une parole de bonté. Or, c'est peut-être par là que nous devenons un adulte : en acceptant dans la paix notre limite, et en consentant à recevoir un secours de celui qui peut nous aider, en admettant " de nous engendrer à la finitude ", comme disent les psychanalystes. Non seulement la faiblesse n'est pas insignifiante, mais elle est la part privilégiée de notre vie, c'est là le grand retournement chrétien : accepter de ne plus pouvoir nous passer d'un "autre", de Dieu. 

    Il faut, à la suite de David et du fils prodigue, reconnaître que le péché peut devenir utile, oui, " même le péché ". Ceci est proprement scandaleux. Le mal, le désordre et la rupture n'ont pas de sens en eux-mêmes. Ils sont atteinte, blessure, et on ne sait jamais à l'avance ce qu'il en résultera. Néron ne travaillait pas pour la gloire de Dieu. Il faut le dire, et ne pas tricher. 

    Ce scandale exprime bien la gravité du péché, même si, ensuite, la générosité et la bonté prennent le dessus. Pour beaucoup d'entre nous, y a-t-il d'autres voies moins illusoires vers Dieu ? 

    C'est peut-être seulement à cause du péché et de l'impasse 83 où il nous met que nous acceptons d'entrer dans un projet de vie qui nous dépasse : celui de Dieu-avec-nous : " Quand tu étais jeune, tu allais où tu voulais. Quand tu seras devenu vieux, un autre te mènera où tu ne voudrais pas " (Jn 21,18).

    (...) non seulement l'inévitable est désormais utile et part privilégiée de notre vie, mais nous ne sommes plus seuls en face de cet inévitable et du mal ; nous ne sommes plus solitaires en face de notre crainte et de notre détresse. Il tient à nous de le reconnaître ; et, du fait même que nous avons choisi la miséricorde et l'amour de Dieu, tout est déjà changé. Notre vie est une action à deux. Or nous y pensons toujours comme si nous étions seuls. La peur est justement le fait d'un homme seul. Et Dieu vient nous dire : " Mais non, j'étais là, je suis là." (...)  

    A suivre...

                       P. Bernard Bro, o.p

     

  • On demande des pécheurs 08

    Série de textes tiré du livre de Bernard Bro, O.P : "On demande des pécheurs" Cerf, Ed 2007. Première édition 1969

    (...)

    [65]

    De naissance en naissance

    (...) Chaque fois que nous nous confessons commence quelque chose d'absolument nouveau : une visite de Dieu, une nouvelle naissance. Il s'agit bien d'un commencement absolu, et s'il faut recommencer, ce n'est pas parce que nous sommes revenus en arrière - encore [66] que cela arrive - mais parce que nous nous acheminons peu à peu, de commencement absolu en commencement absolu, jusqu'à l'irruption définitive de la vie éternelle en nous. 

    Se confesser, c'est opérer une conversion de soi irréversible, mais l'opérer de façon telle qu'elle ménage notre fragilité et nous permette de parvenir peu à peu à ce degré d'amour et de lucidité où tout devient irréversible. Les sacrements ont un caractère à la fois discontinu et progressif.

    La confession est là pour nous "apprivoiser" progressivement à la rencontre, à la vie, à l'amour de Dieu, jusqu'à ce que la mort nous fasse entrer, d'un coup, et d'une manière définitive, dans cette lumière. Et c'est pourquoi, ici-bas, il faut toujours recommencer, non parce que cela a été mal fait ou annulé par nos fautes, mais parce qu'il nous reste encore à grandir. Il ne s'agit pas ici de grandir à partir d'une naissance qui ne peut être renouvelée, mais, en quelque sorte, de grandir par des naissances successives de plus en plus fréquentes, d'approfondir la rencontre, de la rendre plus "opérante", plus vraie, plus efficace.

    "C'est quand on se convertit au Seigneur que le voile tombe. Et quant à nous, reflétant tous sur un visage sans voile la gloire du Seigneur, nous sommes transformés à la même ressemblance, de gloire en gloire, comme par l'action du Seigneur qui est Esprit." (2 Co 3,16-18)

    Tout nous est donné chaque fois, toute la vie divine et les énergies sans limite du Christ ; et en même temps, tout est proportionné, comme le pain et le vin, viatique proposé pour une étape nouvelle.

    Il ne suffit pas de nous donner un remède ou une nourriture si nous ne savons pas l'utiliser. C'est pourquoi nous recevons quelqu'un qui commence par nous [67] réconcilier avec cette condition humaine et qui nous aide, par sa lumière, à comprendre combien il est normal de tout recommencer chaque jour avec lui. Dieu vient lui-même nous rendre courage et nous aider à croire que le progrès est possible. Dieu lui-même, dans chaque sacrement, et spécialement la confession et l'eucharistie, vient nous redire ce qu'aucun homme ne peut dire  et que l’Église proclame solennellement sur les fonts baptismaux dans la nuit de Pâques : désormais par les sacrements une jeunesse éternelle nous est donnée.

    A suivre...

                                              Père Bernard Bro, o.p