Remarques préliminaires de l'auteur de ce blog :
Certaines paroles (ci-dessous) de Mgr Ghika pourront parfois choquer notre sensibilité. Et elles le sont si nous pensons que la mort débouche sur le néant. Mais le coeur de notre foi c'est le mystère pascal : le Christ, vrai Dieu et vrai Homme, est ressuscité d'entre les morts ; la mort a été vaincue. Par le Baptême et l'Eucharistie nous participons déjà à sa Vie mais dans la foi. La mort,notre mort, depuis la victoire du Christ, est, sera une Pâque, une sortie d'Egypte, où nous rejoindrons la Terre Promise et verrons alors Dieu face à face (si nous mourons en état de grâce). Le Père Varillon disait : nous sommes nés à la vie humaine pour naître à la vie divine. Saint Irénée disait déjà : la vie de l'homme c'est la vision de Dieu. Et comment ne pas citer Thérèse de Lisieux qui, quelque temps avant de mourir, confiait : "je ne meurs pas, j'entre dans la Vie."
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NOUS :
Que faut-il penser de nos morts ?
LUI :
Ils ne nous ont pas quittés. Appelle-t-on perdus ceux qu'on a seulement perdus de vue ?
Nos morts ont la réalité de leur présence et la forme de leur absence.
Rien de plus vivant que l'immortalité des morts.
On appelle mort l'espèce de vivant dont l'état de vie ne redoute plus aucun changement.
Le rôle des morts n'est plus d'avertir ni de témoigner.
Les morts aident plus volontiers que les vivants.
Seigneur ! n'enlevez pas ceux que j'aime ! - Réponse : " je ne te les enlève pas : je te les garde".
NOUS :
Que faut-il penser de notre propre mort ?
LUI :
Elle se prépare durant toute la vie : qui ne pense pas à la mort, ne sait pas vivre.
Il faut arriver à avoir plus peur de la vie que de la mort, et à aimer la mort aussi bien que la vie.
Durant ta vie, souviens-toi que tu dois mourir, et à ta mort, que tu dois vivre.
(...)
Chacun est le pèlerin de sa propre mort.
A sa mort, tout homme se fait moine, avec les trois voeus de pauvreté, chasteté, obéissance. Et, bon gré, mal gré, il les jure.
Dire qu'après tant de siècles, l'homme n'a pas appris encore à mourir.
On doit attendre la mort non comme un condamné, mais comme un combattant.
NOUS :
Mais elle comporte de telles angoisses !
LUI :
Ce qui nous gêne le plus dans la mort, c'est le caractère radical de son inconnu.
(...)
S'il est dur de mourir, cela prouve à quel point nous sommes vivants, et jusqu'au-delà de la mort.
(...)
Nous avons à envisager la mort non comme une abdication forcée, mais comme un événement consenti.
Ce qui a été, ce qui est et ce qui sera se fond, à l'heure de la mort, en une chose unique.
Vladimir Ghika - Derniers témoignages - Ed Beauchesne 1970