Introduction au Psaume :
Déclare la guerre, Seigneur !
" Voici que se lèvent de faux témoins,
On veut que je réponde sur des choses que j'ignore ".
A l'horizon de la mémoire il y a le Sanhédrin rassemblé, il y a ces accusations sans fondement : propos contre le Temple, propos contre Dieu - voire contre César ! Tout est bon qui peut mettre dans l'embarras, soulever la foule et couvrir le crime.
A cet horizon lointain s'ajuste l'horizon proche des tragiques "procès" que nous connaissons et qui s'obstinent à voiler d'un dérisoire rideau des paroles une volonté criminelle implacable.
L'histoire de Jésus est l'histoire des siens.
Il faut dire ce psaume à la fois en revivant la Passion du Seigneur, et en vivant de toute son âme ces monstrueuses machinations qui à travers le monde tendent à écraser les fidèles de Jésus-Christ, effaçant leur nom, salissant leur mémoire, faisant taire leur témoignage, espérant tuer Dieu.
Ce psaume peut et doit nous servir à ne pas demeurer indifférents, oublieux, étrangers à tant de souffrances et à tant de forfaits. L'indignation, le dégoût sont ici un devoir, la sainte colère qui ne veut pas laisser triompher l'injustice, se perdre nos frères, et "mourir Dieu" :
Accuse, Seigneur, ceux qui m'accusent,
attaque ceux qui m'attaquent. *
Prends une armure, un bouclier,
lève-toi pour me défendre.
[Brandis la lance et l'épée
contre ceux qui me poursuivent. *]
Parle et dis-moi :
« Je suis ton salut. »
[Qu'ils soient humiliés, déshonorés,
ceux qui s'en prennent à ma vie ! *
Qu'ils reculent, couverts de honte,
ceux qui veulent mon malheur !
Qu'ils soient comme la paille dans le vent
lorsque l'ange du Seigneur les balaiera ! *
Que leur chemin soit obscur et glissant
lorsque l'ange du Seigneur les chassera !
Sans raison ils ont tendu leur filet, *
et sans raison creusé un trou pour me perdre.
Qu'un désastre imprévu les surprenne, *
qu'ils soient pris dans le filet qu'ils ont caché,
et dans ce désastre, qu'ils succombent !]
Pour moi, le Seigneur sera ma joie, *
et son salut, mon allégresse !
De tout mon être, je dirai :
« Qui est comme toi, Seigneur, *
pour arracher un pauvre à plus fort que lui,
un pauvre, un malheureux, à qui le dépouille. »
Des témoins injustes se lèvent,
des inconnus m'interrogent. *
On me rend le mal pour le bien :
je suis un homme isolé.
Quand ils étaient malades,
je m'habillais d'un sac, +
je m'épuisais à jeûner ; *
sans cesse, revenait ma prière.
Comme pour un frère, un ami,
j'allais et venais ; *
comme en deuil de ma mère,
j'étais sombre et prostré.
Si je faiblis, on rit, on s'attroupe, +
des misérables s'attroupent contre moi : *
des gens inconnus
qui déchirent à grands cris.
Ils blasphèment, ils me couvrent de sarcasmes, *
grinçant des dents contre moi.
Comment peux-tu voir cela, Seigneur ? *
Tire ma vie de ce désastre, délivre-moi de ces fauves.
Je te rendrai grâce dans la grande assemblée, *
avec un peuple nombreux, je te louerai.
Qu'ils n'aient plus à rire de moi,
ceux qui me haïssent injustement ! *
Et ceux qui me détestent sans raison,
qu'ils cessent leurs clins d’œil !
[Ils n'ont jamais une parole de paix,
ils calomnient les gens tranquilles du pays.
La bouche large ouverte contre moi,
ils disent : « Voilà, nos yeux l'ont vu ! »]
Tu as vu, Seigneur, sors de ton silence !
Seigneur, ne sois pas loin de moi !
Réveille-toi, lève-toi, Seigneur mon Dieu,
pour défendre et juger ma cause !
[Juge-moi, Seigneur mon Dieu, selon ta justice :
qu'ils n'aient plus à rire de moi !
Qu'ils ne pensent pas : « Voilà, c'en est fait ! »
Qu'ils ne disent pas : « Nous l'avons englouti ! »
Qu'ils soient tous humiliés, confondus,
ceux qui riaient de mon malheur ! *
Qu'ils soient déshonorés, couverts de honte,
tous ceux qui triomphaient !]
A ceux qui voulaient pour moi la justice,
rires et cris de joie ! *
Ils diront sans fin : « Le Seigneur triomphe,
lui qui veut le bien de son serviteur. »
Moi, je redirai ta justice *
et chaque jour ta louange.