De l’Évangile selon saint Jean
Nicodème, qui était venu trouver Jésus la première fois durant la nuit, y vint aussi avec environ cent livres d'une composition de myrrhe et d'aloès ;
Et ayant pris le corps de Jésus, ils l'enveloppèrent dans des linceuls avec des aromates, selon que les Juifs ont accoutumé d'ensevelir.
Or il y avait au lieu où il avait été crucifié un jardin, et dans ce jardin un sépulcre tout neuf, où personne n'avait encore été mis.
Comme donc c'était le jour de la préparation du sabbat des Juifs, et que ce sépulcre était proche, ils y mirent Jésus.
Méditation
C'est fini.
Cette heure où tout semble perdu
est celle de la foi, et d'elle seule.
La foi est la douce fiancée de Dieu.
Il la regarde avec tendresse,
comme l'épouse du Cantique,
et comme la seule preuve d'amour
que nous puissions lui donner.
C'est elle qu'il est venu chercher sur la terre,
et qu'il craignit un jour,
en contemplant Jérusalem,
de ne pas retrouver lorsqu'il reviendrait.
Elle l'attend avec une patience égale,
elle veille au milieu des soldats endormis,
devant le tombeau
où l'on a déposé ton corps, Seigneur.
Rien ne la trouble et rien ne l'effraie.
Elle s'est fait des alliés de tout ce qui fait
l'angoisse ou le désespoir des hommes incrédules,
de la souffrance, qui la rend semblable à Toi,
du temps, ce voyage de l'éternité
dans un univers qui n'est pas le sien.
Elle aime, que lui importe le reste ?
Pour elle, ce tombeau étroit et neuf
où tu reposes, Seigneur,
c'est l'arche de la nouvelle alliance.
Et ce n'est plus la Loi qu'elle contient
c'est la Sainteté, le Principe de l'Eglise
et des Accomplissements futurs.
Elle sait que le troisième jour tu ressusciteras,
Seigneur, caché dans ce monde
plus profondément encore que dans le sépulcre.
Toi que nos péchés crucifient,
toi que nous avons enseveli dans nos cœurs,
brise en nous cette pierre
que nous avons scellée sur toi.
Notre pauvre foi te le demande.
Dans son deuil du Vendredi Saint
quelque chose en elle, déjà, chante à mi-voix.
Car cette nuit qui l'environne
n'est pour elle que le commencement du jour
et le jour c'est toi,
O Christ !
A.F (André Frossard)