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Les récits de la Passion 06

Textes tirés du livre " Jésus, simples regards sur le Sauveur " par Un moine de l’Église d' Orient - Ed. Chevetogne 1962

 


Seigneur Jésus, le mystère de Judas m'oppresse. Ou plutôt (car je ne sais point quels furent les derniers sentiments) le mystère de tous les pécheurs qui meurent sans s'être tournés vers toi. Je sais que l'on ne peut effacer du livre ce que tu as dit de la séparation des brebis et des boucs et du feu qui ne s'éteint pas. Je sais que la possibilité d'un " non " éternellement dit à Dieu par certaines de ses créatures est une conséquence terrible, mais nécessaire, de la liberté qui nous a été donné. Je sais aussi que, de nul homme, nous n'avons la certitude qu'il a été rejeté pour toujours. Je sais tout cela. Et pourtant... Pourquoi ton Père a-t-il créé tel homme dont il prévoyait qu'il n'adhérerait pas à lui ? Maître, je mets devant toi ma question avec humilité, avec docilité. Enseigne-moi. 

Mon enfant, je pourrais simplement te dire : cette question te dépasse ; attends avec confiance le jour où tu sauras, où tu verras. La pleine 112 lumière sur les mystères divins n'est pas donnée à ceux qui sont encore dans l'état de voie. 

Cependant, je te dirai plus. Je ne t'accorderai pas de révélation personnelle. Je te rappellerai seulement ce que déjà tu sais ou tu devrais savoir.

Je t'ai aidé à croire et un peu comprendre que le mystère de l'élection a lieu en moi. C'est en moi que sont acceptés ceux qui m'aiment. Ce dont je voudrais te persuader maintenant, c'est que c'est aussi en moi que le mystère de la réprobation reçoit sa solution et sa lumière.

Tout homme a le droit d'entendre de moi cette parole : " Je suis ta justice ". Et tout homme a le droit de me dire, à moi, le juste : " Je suis ton péché ". J'ai communiqué ma justice aux pécheurs (s'ils l'acceptent), et j'ai porté le poids de la réprobation due aux péchés de tous. De même qu'il existe un lien entre tout élu et la justice que je lui ai acquise sur la croix, il existe aussi un lien entre tout pécheur non repentant et moi-même, en tant que, substitué à lui, j'ai assumé sur la croix son péché et sa condamnation.  Parce que je prenais la place du pécheur, même si celui-ci repoussait l'échange, il y eu un certain échange entre lui et moi. C'est dans le prolongement, dans les répercussions de cet échange que le mystère de la réprobation doit être médité par toi.

113 Entends-moi bien, mon enfant. Je ne te dis pas que, sur la croix, j'ai sauvé ceux qui ne veulent pas assimiler - et dans toute leur vie - le salut que j'offrais. Je veux dire en ce moment une seule chose : c'est qu'un vrai contact a été établi entre moi-même et le pécheur non repentant. J'ai eu l'expérience suprême et totale de la condamnation. En moi, la sainteté absolue a été en contact avec tout péché, avec le péché de chaque pécheur.

Quels ont été, quels sont les résultats de ce contact ? Mon enfant, je ne dirai, en ce moment, rien de plus précis. Je veux seulement t'ouvrir un horizon, sans te donner la possibilité de le mesurer. Crois de tout cœur chacune des paroles de mon évangile concernant le pécheur qui ne se repent pas. Ne te livre pas à des spéculations et à des discussions sur le nombre de ces pécheurs, sur la durée et le mode de leur réjection. Affirme ce que mes apôtres ont affirmé, ce que mon Église affirme. Ne dis rien de plus. 

Mais sache bien, mon enfant, que tu ne connais pas encore les profondeurs de mon cour. Tu les sauras plus tard.

114 Aie la crainte d'être rejeté, mon enfant. Défie-toi de ceux qui font peu de cas de la préoccupation du salut personnel. Je n'ai pas parlé ainsi. Mais n'oublie jamais que le bon berger laisse toutes ses brebis fidèles pour aller chercher et pour rapporter sur ses épaules la brebis égarée, fugitive.

Qu'il te suffise d'être assuré d'une chose : c'est que je suis, c'est que ma personne est la réponse à ta question anxieuse au sujet du pécheur non repentant.

Si ma personne est la réponse, tu dois entrevoir le sens de cette réponse, même obscurément. Ne te hâte pas de traduire la réponse en mots. Regarde, et approfondis en silence. La réponse ne peut être que conforme à ma personne. Contemple l'image du crucifié. Il est la réponse à tous les problèmes, - à ce problème. Dans la solution du problème qui t'angoisse, tu verras un jour resplendir ma sainteté et ma justice. Ma miséricorde et mon amour n'y resplendiront pas moins. La justice resplendira à travers la miséricorde. Ce ne pourra donc être qu'un mystère joyeux autant que glorieux. Le mystère même du pécheur non repentant révèlera mon amour pour les hommes, sans que le mal obtienne aucune 115 impunité ou complaisance. Mon apôtre vous a dit que je serai tout en tous. Je ne puis maintenant te dire comment cela se fera. C'est le secret divin. Crois seulement et espère.

Maître, je te remercie pour la paix que me donnent tes paroles. Je ne cherche pas à aller plus loin que ce que tu me dis. Je ne vois pas encore le paysage, mais déjà j'entrevois la lumière dont il sera baigné. Cependant il m'arrive ceci. Plus je projette sur le péché du monde la lumière de ta personne, plus la conscience, le souvenir de mes propres péchés me sont lourds et désolants. Je crois au pardon demandé et reçu, je crois que tu combles l'abîme de l'indignité du pécheur. Mais tous ceux-là qui par moi ont souffert, auxquels j'ai fait du mal...

A suivre...

 

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