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Les récits de la passion 05

Textes tirés du livre " Jésus, simples regards sur le Sauveur " par Un moine de l’Église d' Orient - Ed. Chevetogne 1962

 

107

Jésus annonce aux apôtres qu'un d'entre eux le livrera. Ils ne mettent pas en doute la parole du Maître. Ils ne s'écrient pas : " Seigneur,  c'est impossible !" Mais ils s'attristent et disent, l'un après l'autre : " Est-ce moi ?"

L'expérience de mes propres chutes doit me rendre très humble. Je ne peux jamais exclure la possibilité d'une nouvelle offense. Je dois demander en tremblant : " Vais-je trahir encore ? Le prochain traître, est-ce moi ?"

" Que me donnez-vous ? et je vous le livrerai..." La question de Judas aux prêtres, je la répète à Satan : " Quel plaisir me donnes-tu ? Si tu m'accordes ceci, et cela, je te le livrerai..." C'est peut-être en détournant les yeux que je murmure cette suggestion, c'est peut-être en me lavant les mains, - et ce n'est pas sans ressentir la piqûre  de l'aiguillon intérieur. Mais, pourtant, je le livrerai...

108 Pauvre âme, tu me veux. Et tu veux aussi me livrer. C'est parce que tu veux autre chose que moi. Tu ne peux me vouloir vraiment, si tu ne me veux seul.

" Et il livra Jésus à leur volonté ". La phrase que l'évangile dit de Pilate s'applique à moi, chaque fois que, pour ma part, je coopère avec l'esprit tentateur et chaque fois que je coopère au péché d'autrui.

" C'est par un baiser que tu trahis le fils de l'homme ? " Le baiser par lequel Judas trahit son Maître, c'est chaque prière que j'ose faire sans avoir radicalement banni de mon cœur toute complaisance envers le mal.

" Cet homme était aussi avec lui... Tu es aussi de ces gens-là". Cette pensée me mord jusqu'au sang, elle me transperce, lorsque dans mon péché même, je ne puis perdre le souvenir du temps où, comme Pierre, je suivais Jésus.

Mon Sauveur, c'est à travers les blessures secrètes de mon âme, c'est à travers mes péchés que tu fraies ton chemin vers moi.

Jésus, tu es présent à mon péché. Quand je pèche, tu es encore en moi, silencieux. Ta présence même condamne ce que je fais. Mais, en même temps, tu me comprends et tu comprends mon péché plus profondément que je me comprends 109 et le comprends. Car tu m'es plus intime que je le suis à moi-même. Tu ne m'es point un juge étranger. Tu t'identifies à celui qui, pécheur, est là devant toi. Et cependant, tu es, à ce moment, le contraire même de ce que je suis. Mais tu m'enveloppes d'une présence et d'une pitié insondables.

C'est cette présence et cette pitié, Seigneur Jésus, qui font qu'au moment même où je pèche, dans l'acte même du péché, et sans que j'aie le courage d'interrompre cet acte, un cri peut encore jaillir de moi, un cri de dégoût, d'angoisse et d'horreur,- l'appel à toi, à ton nom : Jésus !

Mon Sauveur, ta présence à mon péché est une grande grâce. Ta main est tendue pour me retirer de l'abîme. Mais, si je refoule cette grâce ultime, manifestée dans le péché même, que sera t-il de moi ?

Tu ne prononces pas de sentence formelle. Ta personne même, Seigneur Jésus, est le jugement qui me condamne. Mais ta personne même est aussi proclamation et acte de grâce. Il n'y aurait point de parole de grâce, s'il n'y avait une parole de jugement.

Mon passé ou mon présent coupables, si coupables soient-ils, appartiennent à l'ordre de la grâce, dans la mesure où tout destin humain se 110 rattache au plan de grâce voulu par Dieu. Mes dissonances personnelles demeurent encore des parties de l'universelle symphonie de grâce. Cette considération ne saurait cependant justifier la dissonance, car celle-ci, en un point donné, s'oppose à la grâce - et cela, c'est la mort. Mais l'opposition à la grâce, la dissonance, le péché sont encore potentiellement dans l'ordre de la grâce, tant que peuvent encore intervenir mon repentir et ton pardon. Oh, pour cela, sois béni, Seigneur !

La réprobation est dans le Christ, comme l'élection. Uni au Christ, je suis accepté à cause du Bien-Aimé et dans le Bien-Aimé. Pécheur, je suis réprouvé en Jésus, puisque celui qui ne connaissait pas le péché a été fait péché pour nous. Un grand échange a été opéré sur le Golgotha entre le pécheur et son Dieu. C'est moi qui pèche, et c'est Jésus qui meurt. Le péché a été enfermé dans le cœur du Christ. Le Dieu-Homme devient lui-même le rejeté, le condamné. Il y a encore, pour la piété du croyant, beaucoup à explorer dans ce mystère (autant qu'un mystère divin peut être exploré). Maître, laisse-moi te parler de cela.  

 

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