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les fondamentaux (4)

Note importante.

Suite de l'enseignement du Père Molinié. La lecture de ce texte exige pour être compris de lire les 3 posts précédents qui font partie de la même conférence.

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Et c'est justement là une des fautes de beaucoup de chrétiens de vouloir servir Jésus-Christ comme on sert les autres maîtres, avec beaucoup de générosité.  "Je donnerai ma vie pour toi", "oui, mais c'est pas ça que je te demande, je te demande de m'aimer" "mais qu'est-ce que ça veut dire enfin Jésus ? "C'est autre chose, nous allons nous expliquer là-dessus le jour où tu auras suffisamment séché dans l'attente (rires de l'auditoire).

Alors, deuxième visite, en gros, deuxième conversion se caractérisant par la découverte de l'intimité avec Dieu. Je pense, j'espère  que pas mal d'entre vous, sinon toutes, sûrement toutes l'ont découverte, par conséquent sont capables d'apprécier la différence entre les deux, c'est quand même pas tout à fait la même chose. Donner toutes ses énergies à Dieu, c'est une chose, et c'est une chose surnaturelle  qui suppose déjà une lumière surnaturelle, mais découvrir que Dieu nous assiège d'un désir d'être dans une intimité perpétuelle avec nous, qui ne s'arrête à aucun moment, c'est encore autre chose, et c'est justement ce que Pierre a découvert à ce moment-là, au moment où il s'est effondré en larmes...... d'où une différence de ton dans la proclamation du programme lorsque, peu de temps après, le Christ lui demande : "Pierre m'aime tu ? " Car, à ce moment-là, il n'est plus question de claironner en majeur : "je donnerai ma vie pour toi" mais de murmurer en mineur : "tu sais bien que je t'aime". (...) Je n'élève plus la voix, je suis trop heureux de me taire à côté de toi. Tu m'as visité une deuxième fois.

Et alors, quand on en est arrivé là,  on n'a encore rien compris... Voilà ce que nous dit la tradition de l'Eglise. Qu'est-ce qu'on n'a pas compris ? Ah voilà. Ce qu'on n' a pas compris c'est que cette intimité avec Dieu, que nous découvrons, que nous commençons à expérimenter, à laquelle nous voulons être fidèle, n'est en nous qu'une petite graine, la plus petite de toutes les graines et que, pour le moment, la situation des forces est nettement encore en faveur de quelque chose d'autre qui s'appelle la loi du péché, la loi de l'orgueil. Et qu'entre cet orgueil et cette douceur de l'intimité divine ce n'est pas la paix qui vient d'être déclarée, c'est la guerre, une longue guerre, une guerre d'usure. En un sens, après la première et même encore après la deuxième conversion, on a encore droit - vous comprendrez ce que je veux dire, on n'a jamais le droit de pécher - mais je veux dire on a encore le droit de commettre tous les péchés du monde tout en espérant être converti de la première et de la deuxième conversion.

Seulement, alors réciproquement, ce n'est pas parce qu'on a connu la deuxième conversion, ou qu'on pense avoir connu l'intimité de Dieu, (je dis première, deuxième : attention à ne pas chercher de numéros dans vos têtes puisqu'il y en a en fait des multitudes de conversions) mais que ces trois paquets de conversions si vous préférez, trois séries de conversions, c'est une manière de mettre un petit peu d'ordre là-dedans, de reconnaître des phases plus décisives que les autres, eh bien même une fois qu'on a reconnu qu'il vous est arrivé quelque chose, ce n'est pas de la prétention  de la part de Pierre d'avoir pris conscience  qu'il s'est effondré en larmes au moment de la Passion et puis que depuis ce moment-là il est changé, oui, ça  il n'y a pas de doute il est changé, ce n'est pas de la prétention ni de l'orgueil que d'avoir constaté ça, que ce n'est plus le même qu'avant, probable qu'il devait le dire et le sentir. Eh bien si après ça Pierre s'était mis encore  à commettre des fautes graves, on aurait pu lui dire : qu'est ce que c'est cette histoire-là ? Tu prétends avoir le coeur changé ! Tu vois bien que tu continues comme avant ! Eh bien non ! c'est normal. Tout est possible, toutes les catastrophes sont encore possibles, tant qu'on n'a pas atteint la dernière conversion, celle que j'ai appelée "la mort du vieil homme", laquelle mort nous est administrée par l'amour de Dieu.

Et alors, quoi faire ?

Eh bien, comprenez-moi. Je vous dis : si vous êtes fidèle si peu que ce soit   au   petit programme de vie religieuse qui est le vôtre, soyez très modeste, très simple : Dieu va se déchaîner, voilà. Il va se déchaîner. Il va déchaîner sa douceur. Il ne va pas déchaîner sa violence. Mais il va avoir une action extraordinairement intense, une action de chirurgien extrêmement intense . Il va utiliser tout à votre service y compris et d'abord le démon et tout ce qui peut contrarier son action, c'est surtout ça qu'il utilise, c'est sa spécialité si je peux dire et c'est sa joie d'utiliser tout ce qui peut le gêner pour que ça aille encore plus vite. Ce n'est pas une raison pour vous mettre à pécher tranquillement, non. Vous me comprenez. Parce qu'il va utiliser aussi et d'abord et surtout l'attente fidèle, le désir sincère qui normalement doit se traduire par un certain effort pour ne plus pécher. Il va utiliser tout ça intensément. Alors je ne peux pas vous dire ce qu'il y a à faire sans avoir d'abord prévenu de ce qui va  se passer et à ce moment-là, une fois que je vous ai bien expliqué que Dieu va agir très intensément, je vous dis : l'essentiel c'est de vous adapter à cette action. Vous entrez à l'hôpital. Cette maison, comparons-là à un hôpital n'est-ce pas, hôpital spirituel. Vous entrez à l'hôpital parce que vous voulez servir Dieu, ou parce que, mieux encore, vous avez découvert que c'est dans cet hôpital que se développe l'intimité avec Dieu. Parfait. Alors vous arrivez là-dedans et vous demandez : qu'est-ce qu'il faut faire ? Faites attention ! Il y a des services qui fonctionnent dans cet hôpital. Ne vous imaginez pas que vous allez vous promener dans les jardins ou dans les salles comme ça. Vous allez subir un certain nombre d'interventions chirurgicales. C'est pour cela que vous êtes là quand même. Alors tâchez de ne pas trop faire attendre le chirurgien. "Oh là là, mais ces opérations, ça ne me rassure pas du tout !" (rires de l'auditoire). Eh bien vous avez la Sainte Vierge ; vous avez vos soeurs ; vous avez l'Eglise, vous avez les sacrements ; vous avez toutes sortes de gens et de choses qui sont là pour vous rassurer. Et puis vous avez les rayons. Ah c'est très important ça. Le service des rayons, c'est la prière : soigné aux rayons de l'amour de Dieu ! Et comme toutes les séances de rayon, c'est plutôt ennuyeux. On s'ennuie passablement. Alors on occupe le temps, on vous occupe le temps, au début, en vous remettant des prospectus sur la nature du traitement, c'est-à-dire qu'on vous explique ce que c'est que l'amour de Dieu, pourquoi Il a fait tout ça, ce que c'est que l'Evangile : vous avez de quoi vous occuper.

C'est drôle bien sûr, mais c'est quand même tragique aussi de voir des gens qui passent leur temps à lire des prospectus, sans se douter qu'ils vont d'abord à la prière pour subir une REALITE et non une idée, et une réalité qui s'appelle : le rayonnement. Et qui normalement, si cette réalité existe, il doit y avoir un moment où l'on doit sentir que ça chauffe un peu et que ce n'est pas la peine de passer son temps à regarder les prospectus, mais qu'il vaut mieux se laisser pénétrer par cette chaleur de l'amour de Dieu, tout doucement, tout simplement. Tout ça sont des réalités, ce ne sont pas des idées.  Alors au début, quand le rayonnement est faible ou que la carcasse est encore trop épaisse pour sentir, pour être vulnérable à cette chose là, alors on prend des "albums illustrés" pour s'occuper comme dans la salle d'attente, c'est-à-dire on prend des livres de méditation, ça ne va pas plus loin. J'ai la plus grande estime pour la théologie, c'est ma spécialité, il faut bien que j'en fasse, mais qu'est-ce que dit saint Thomas ? A peu près la même chose que moi dans des termes pas plus nobles en fin de compte  : "de la paille ! Laissez- moi tranquille".

Alors, voyez, c'est très décevant ma réponse, c'est très décevant,  mais c'est volontairement décevant. Si ça vous inquiète encore de ne pas savoir quoi faire pour atteindre cet amour de Dieu, c'est que vous n'avez pas encore compris à quel point Dieu vous aime. Alors j'essaye de vous le faire comprendre, de vous dire : renversons un peu les rôles, si vous voulez bien. Parlons de ce qu'Il fait Lui, même quand vous dormez. Alors, je vous en prie, réveillez-vous ! Précisément parce que la lumière approche, mais quelle  lumière ! Et alors ne vous demandez pas combien d'ampoules électriques  vont être nécessaires pour faire un effet de lumière  alors que l'Aurore arrive : tout vos efforts c'est ça : des petites loupiotes.  Qu'est-ce que c'est que cette histoire-là ? Les temps sont proches. Tout ça arrive à une terrible vitesse. En tout cas, dans votre coeur et dans votre âme, il est plus tard que vous ne croyez, comme le disait le Curé d'Ars, je crois. 

                              A suivre.... je terminerai cet entretien très prochainement.

 

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