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Les fondamentaux (3)

Suite de la retranscription d'un enseignement du Père Molinié. Ce post est la suite des fondamentaux 1 et 2. Je vous invite à les lire avant celui-ci.

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Vous n'avez rien d'autre à faire à ce moment-là que d'accueillir, que d'écouter,  que de regarder, que de se laisser modifier par cette Présence. A ce moment-là tout est facile. Ce qui est difficile c'est l'entre-deux et en particulier, souvent, le moment qui précède immédiatement la visite. Soit parce que nous la désirons trop, soit parce que nous ne la désirons pas assez. Quelque fois d'ailleurs les deux à la fois : désirant certains avantages de la visite mais ne désirant pas sa réalité dans ce qu'elle a de déconcertant et d'imprévu. Voilà pourquoi la vertu essentielle du chrétien ,  c'est de ne pas se prendre au sérieux et de prendre la vie humaine dans l'ensemble trop au sérieux. Elle est infiniment grave et infiniment sérieuse dans la mesure où se joue la question de savoir si nous serons le reflet et le partenaire du seul sérieux absolu qui s'appelle Dieu. Alors ça c'est grave. Mais ce que nous pouvons faire et définir de nous-mêmes indépendamment de cela, indépendamment de la pauvreté absolue d'être le reflet de Quelqu'un ce n'est pas très sérieux. Ce n'est pas négligeable d'ailleurs, il ne faut pas le mépriser. La vie quotidienne ce n'est pas méprisable. Et nos efforts de vertu, notre ascèse, il ne faut pas le négliger non plus, il ne faut pas le mépriser. Mais dans la mesure ou c'est autre chose que la réponse pure et simple à l'amour de Dieu, à l'appel de l'amour de Dieu, dans la mesure où c'est un effort pour tenir la maison en ordre et propre pour la visite du Maître, eh bien c'est pas très très important. mais je suppose que vous me comprenez : quelqu'un qui ne voudrait pas nettoyer la maison c'est quelqu'un qui n'a pas très envie d'attendre le Maître ! Alors ça c'est grave ! Mais quelqu'un qui veut nettoyer la maison mais qui, à force de la nettoyer s'intéresse beaucoup plus à la maison qu'à Celui qui va venir dedans...alors c'est grave aussi.

L'Eglise a entériné tout cet enseignement, cette série de visites bouleversantes qu'on appelle les "conversions". Parce que le propre d'une visite véritable de Dieu c'est qu'elle nous convertit, c'est-à-dire qu'elle nous change et qu'elle nous change au-delà de tout ce que nous pourrions faire. On ne décide pas de se convertir. On attend, on désire...la conversion. Il y a là un retournement du coeur et du regard qui dépendent justement de la présence, de l'irruption de cet Etre imprévisible. Alors ce n'est pas la peine de remplacer sa présence par je ne sais Dieu sait quoi, par la nôtre.... Les auteurs spirituels consacrés par l'Eglise ont tellement accepté ce programme que la Sagesse traditionnelle de l'Eglise a reconnu en gros trois grandes étapes, trois grandes visites. Il y en a une multitude d'autres. En gros, la Sagesse de l'Eglise a reconnu l'existence de trois phases discontinues dans la vie spirituelle, dans la vie chrétienne que, justement, nous ne pouvons pas provoquer pas plus qu'une chrysalide ne peut devenir papillon par ses efforts pour être une bonne chrysalide. Tout ce qu'elle peut faire c'est d'améliorer sa situation de chrysalide et c'est tout. Et si elle s'imagine que ca va bien comme ça elle résiste tout en essayant d'être une bonne chrysalide elle résiste à la transformation, elle résiste à la venue de ce qui doit venir. Et c'est pour cela qu'il faut quand même  mettre les points sur les i pour que ces enseignements soient compris et pour que je puisse répondre d'une manière plus satisfaisante encore, j'espère, à cette question : qu'est-ce qu'il faut faire pour atteindre la douceur de Dieu ? Il y a une première conversion en gros qui peut se caractériser par la décision aisée, libératrice et non pas tendue, inquiète et crispée de la volonté, la décision de se donner tout entier, tout entière au service de Dieu. Ce qui se traduira très normalement et très facilement par une vocation religieuse mais qui peut tout aussi bien se traduire par la persévérance dans l'état où l'on a été mis dans le monde, parce que cette découverte on peut très bien la faire une fois qu'on est sérieusement,  solidement engagé dans le monde et en particulier dans la vie de famille. Peu importe, mais le bouleversement est analogue, voilà ce que je veux dire. Pour qui que ce soit, dans quelque situation, dans quelque condition qu'il soit, découvrir que Dieu réclame tout et qu'il faut vraiment lui donner tout ; se mettre à son service comme un soldat au service d'un capitaine mais alors absolu. C'est aussi bouleversant que la découverte de la vocation, c'est un peu la même chose. La découverte de la vocation religieuse peut se faire avec des pressentiments de ce qui viendra par la suite, ça c'est une autre affaire. Mais elle peut se faire aussi purement et simplement par cette évidence qu'il faut se donner tout entier à Dieu et alors après le plus simple, dans certains cas, ne serait-il pas de répondre à l'appel des conseils évangéliques, ce qui est une autre affaire.  Mais ce n'est pas du tout des conseils évangéliques que je vais vous parler ici. Mais je veux dire que dans une vocation religieuse il faut distinguer deux choses : le fait de se sentir appeler dans telle ou telle famille [jésuites, bénédictins, carmes, franciscains, salésiens....] et à suivre les conseils évangéliques : ça c'est un point qui est personnel et propre à l ' individu et puis il y a la radicalité et l'absolu du service de Dieu : ça tout chrétien devrait le comprendre un jour ou l'autre. Seulement je plaindrais les prédicateurs qui s'évertueraient à prendre leurs ouailles par la peau du cou  pour leur dire : comprenez qu'il faut servir Dieu par-dessus toutes choses ! Mais non, c'est le fuit d'une conversion. C'est le fruit d'un regard du Christ qui transperce Matthieu le publicain, qui ne lui fait pas de grands discours, qui lui dit : viens, suis-moi ! Celui qui a compris cela comme les apôtres n'a encore rien compris à l'amour du Christ ou à peu près. Il est entré dans la maison où bien des surprises l'attendent. Parce que le Maître au service duquel il s'est enrôlé n'est vraiment pas un Maître comme les autres....               

                                                                                       A suivre au post suivant.

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