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Chemin vers Pâques (17)

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Le salut est libération du péché, mais plus précisément encore de la mort, conséquence du péché. Pour le Christ, le salut est délivrance de la mort physique et temporelle, qui, dans la pensée des auteurs du Nouveau Testamment, est la conséquence du péché originel et l'expression de la condition de déchéance causée par ce péché ; pour tous les autres hommes le salut est délivrance et de la mort physique et temporelle, et de la mort "spirituelle" et perpétuelle, de la damnation ou de la perdition, de la seconde mort comme l'appelle l'Apocalypse, qui est la conséquence ultime du péché originel moyennant la libre ratification de celui-ci par le péché personnel ; mais le salut des hommes n'est rien d'autre qu'une participation à celui du Christ, comme nous aurons à le montrer. La résurrection n'est pas autre chose : victoire sur la mort physique pour le Christ, victoire sur la mort physique et libération de la mort-perdition pour les autres hommes ; car on sait que, dans le Nouveau Testament et chez saint Paul en particulier, le terme de résurrection implique et signifie aussi le renouveau de la vie dans l'Esprit après la libération du péché (cf. Ep 2,5-6) ; mais la résurrection "totale" des hommes n'est rien d'autre qu'une participation à celle du Christ. Quand Dieu sauve - ou ressuscite - l'homme, en effet, Il le libère de l'emprise du péché et de la mort pour autant que l'un et l'autre l'avaient atteint ; en ressuscitant Jésus, Dieu Le sauve et Le libère non pas du péché lui-même qui ne l'avait jamais atteint ni moins encore de la damnation, mais bien de la mort et de son pouvoir (Ac 2,24) [62] et de cette condition misérable et mortelle, conséquence du péché, que le Fils de Dieu avait assumé en se faisant homme dans une chair en tout semblable à la nôtre.

Le salut est aussi accès et participation à la vie divine, car il n'est pas d'autre accomplissement pour l'homme, il n'est pas d'autre épanouissement ni d'autre bonheur véritables. Le salut implique donc un changement radical de condition d'existence, et l'accès à une condition de gloire qui n'est finalement rien d'autre qu'une communion à l'Etre et à la Vie mêmes de Dieu. Ce changement de condition et cet accès à la gloire divine se sont accomplis pour le Christ Jésus avant de se réaliser pour les autres hommes ; et la condition glorieuse  qui est celle du Premier "sauvé de la mort" est l'archétype de celle de tous les sauvés (cf. Ph 3,21 ; 1 Co 15, 47-49 etc.) Mais la résurrection est précisément cela : elle est le "passage" ou le terme du passage de la condition mortelle à la condition immortelle et glorieuse, elle est accès à la sphère divine, elle implique ce que la Tradition appelle la divinisation ; et c'est pourquoi les affirmations de la résurrection sont très fréquemment accompagnés de mentions de glorification, d'exaltation, de session à la droite de Dieu, de transformation ou de prise de possession par l'Esprit de Dieu. Et cela est vrai aussi bien pour le Christ que pour les chrétiens.

Ainsi, dans le Nouveau Testament, les concepts de salut et de résurrection convergent et se recoupent pratiquement ; on peut affirmer que "la résurrection de Jésus est elle-même le salut de Dieu accordé à Jésus" ; et la formulation la plus primitive de la foi selon laquelle "Dieu a ressuscité Jésus d'entre les morts" signifie bien que Jésus a été sauvé, au sens le plus propre du terme, et que c'est Dieu qui a opéré ce salut.

Les termes "sauver", ou "ressusciter", ne sont pas d'ailleurs, tant s'en faut, les seuls qui expriment dans le Nouveau Testament le mystère du salut de Jésus par Dieu. C'est Dieu qui L'a exalté affirme Pierre ( Ac 5,31 ; cf. 2,33), qui l'a surexalté (hypérypsôsén), renchérit Paul (Ph 2,9) ; c'est Dieu qui a tout mis sous ses pieds, et jusqu'au dernier ennemi, la Mort (1 Co 15,26-27) ; c'est Dieu aussi qui L'a glorifié (édoxasén) (Ac 3,13, cf. Rm 8,17 ; Jn 13, 31-32, etc.) La première épître de Pierre dit encore que "mis à mort  selon la chair [63], (Jésus) a été vivifié selon l'Esprit" (1 P 3,18). Saint Paul, citant une hymne chrétienne va jusqu'à dire que Jésus a été "justifié dans l' Esprit" (1 Th 3,16). Jésus lui-même, citant le psaume 117, affirme que sa résurrection, qui devait faire de Lui la "pierre de faîte", serait "l'oeuvre du Seigneur" (Mt 21,42)

 

Claude Richard - Il est notre Pâque - Cerf , 1980  

 

Claude Richard a été abbé de l'abbaye cistercienne Notre-Dame de Timadeuc, près de Rohan

 

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