93. (...) un des symptômes majeurs de ce temps est que la libération des hommes passe par l'athéisme. C'est donc que la religion apparaît comme une servitude. La foule des petits et des pauvres qui attendent les miracles ; toute la ferveur des humbles ne peut cacher ce fait. C'est donc que le Dieu adoré et aimé par de nombreux croyants, créateur de liberté et d'amour est tout autre chose qu'un libérateur. Tout cela n'est pas seulement négatif, il est vrai. Les croyants sont ainsi contraints à s'interroger sur le Dieu qu'ils adorent, sur l'annexion qu'ils opèrent 94. pour des fins qui sont leurs. (...)
95. Le christianisme deviendra libérateur et s'opposera spontanément à tous les faux impértaifs politiques et économiques qui détruisent les hommes dans la mesure où centré sur le coeur de la foi il se libèrera lui-même du dogmatisme et du moralisme bureaucratique et cessera de voir dans la singularité et la diversité des hommes une menace. Ainsi par sa seule densité spirituelle il pourra créer une communion aux frontières moins visibles mais plus réellement universelle, courant ainsi le risque du St Esprit qui unifie.
Jean Sulivan - L'exode - Cerf, 1988 - ISBN 2-204-02895-9 (première édition Desclée de Brouwer 1980)
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