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Accueillir une présence qui nous précède

Selon Pascal, la supériorité de l'être humain sur toute autre créature tient à cette conscience qu'il a de sa misère. La grandeur de l'homme est de pouvoir éprouver l'angoisse et il ne doit donc en aucun cas chercher à nier cette réalité par le divertissement : « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » Cet humour, marqué au coin d'un pessimisme janséniste, est en fait un acte de foi en l'homme capable de courage intérieur. Celui-ci consiste à permettre le surgissement en soi-même d'une puissance de vie plus certaine que la mort, le péché ou la perdition. Il ne s'agit pas, en effet, de combattre l'angoisse par des raisonnements, ni de la fuir dans des actions extérieures, mais d'accueillir comme des enfants une Présence qui nous précède, car le Royaume de Dieu est à celles et ceux qui leur ressemblent (cf. Mc 10,14). La persévérance dans la prière au sein de la nuit donne de découvrir cette gratuité de l'existence, dont l'issue ultime ne dépend pas de l'homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait grâce (cf. Rm 9,16). Elle sauve de l'angoisse, non par la lumière de la raison ou un acte de la volonté, mais par la relation fondée sur la Parole. Mais il faut bien du temps et parfois bien des épreuves pour laisser naître en soi cet enfant du Royaume. Le chemin de cette naissance nous est inconnu, car le jaillissement originel de la vie nous échappe. Il nous appartient cependant d'assumer dans la lucidité de la foi l'irruption inattendue de la menace. Quelque chose peut venir là de Dieu qui n' advient pas ailleurs. La liberté consiste à pouvoir se risquer dans un tel acte de foi. 

Olivier Rousseau - L'inconnu en chemin - DDB 2008, pp. 162-163

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