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Jugement dernier

Ce qui est caractéristique dans l'éthique chrétienne, c'est le lien de notre comportement à la personne de Jésus-Christ. Nous devons aimer l'autre parce qu'en lui, nous voyons un frère et une sœur de Jésus. Et nous devons l'aimer parce qu'en lui-même, nous rencontrons le Christ.

C'est ce que Jésus a manifesté clairement surtout dans l'évangile de Matthieu. Au jugement dernier, le roi dira aux hommes qui sont à sa droite : " J'ai eu faim, vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif, vous m'avez donné à boire; j'étais un étranger [et sans toit] et vous m'avez accueilli; nu et vous m'avez vêtu ; [...] j'étais en prison et vous êtes venu me voir " (Mt 25,35 s.)

D'une part, l'amour est illimité. Non seulement on doit aimer les chrétiens mais tout homme - fidèle ou non - coreligionnaire ou pas. D'autre part, l'amour du prochain est lié à la personne de Jésus. En tout être humain, nous rencontrons le Christ lui-même, mais particulièrement les méprisés, les pauvres. Depuis longtemps ce texte a enthousiasmé les lecteurs, le philosophe Emmanuel Kant aussi bien que les athées et les théologiens de la libération. Dans le dialogue inter-religieux, ce texte a aussi pris beaucoup d'importance. L'amour exigé par Jésus vaut pour tous les humains, qu'ils soient chrétiens ou non. Et inversement, témoigner de l'amour envers les hommes, c'est non seulement accomplir le commandement de Jésus, mais c'est rencontrer Jésus-Christ dans d'autres hommes même s'ils n'ont pas encore entendu parler de lui. (...)

Même si ce texte de l'évangile de Matthieu comporte de nombreux parallèles dans les Ecrits apocalyptiques du judaïsme contemporain, une identification directe du Juge de la fin des temps avec les plus pauvres de ce monde n'existe pas dans le milieu du Nouveau Testament. Il est seulement typique de la Bonne Nouvelle de Jésus.  (...)

Ce n'est pas l'appartenance à Israël (ou à l'Eglise) qui est déterminant pour le règne de Dieu, " mais le comportement juste envers les affamés, les rejetés, ceux qui sont nus, malades et prisonniers " (Gerhard Lohfink) 

Ensemble, il nous faut maintenir cette attention à l'égard des hommes pour qui l'Etat ne peut rien faire. (...)

Pourtant, comment puis-je mettre en pratique de façon concrète cet amour des ennemis ? N'en suis-je pas accablé de façon désespérante ?  Comment est-ce que je dois aimer celui qui me harcèle dans l'entreprise, qui trame sans cesse des intrigues contre moi et m'attaque directement ? (...)

C'est vrai, l'amour des ennemis est un défi lancé en permanence pour que nous prenions sur nous-mêmes de modifier notre attitude dans l'esprit de Jésus.

Anselm Grün - La foi des chrétiens - Desclée de B.  2008 pp 109 et sv

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