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Le prophète et la putain

Le Baptiste remplit la sienne [sa mission] avec une précision et une insolence incroyables. Les peintres l'ont représenté le bras tendu et l'index pointé vers le Christ, que tous les Prophètes avant lui n'avaient fait que pressentir sans le voir. Heureux est-il, lui, d'avoir vu et reconnu le Désiré des collines éternelles. Tout le reste, il s'en fiche. Il ne fait sa cour à personne, ni au roi, ni aux notables, ni au populo. Pas courtisan, pas démagogue pour un sou. Il ne craint personne, il ne craint rien ! Les pharisiens, ce parti intellectuel qui maintient la nation sous la chape de plomb de son légalisme et de son conformisme féroces, il les traite de "race de vipères" et il leur promet "la colère à venir". La femme du roi, la toute-puissante Hérodiade, il ne se gêne pas pour la traiter de putain. Il accuse le roi lui-même d'inceste. Cela dit, il sait que la sainte insolence se paie au prix fort, et il ne fait aucune difficulté à se laisser trancher la tête sur le caprice d'une jolie danseuse.

R.L Bruckberger - " La Révélation de Jésus-Christ" Grasset 1983

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