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tao

  • Le chemin spirituel

    Depuis toujours, les êtres humains ont compris leur vie comme un chemin. Ce n'est pas seulement un chemin qui mène vers une plus grande maturité. Ils ont entrevu leur vie comme un chemin qui se dirige vers un but, qui est Dieu lui-même. C'est le chemin spirituel. On entend, par là, le chemin d'intériorisation qui nous permet de nous laisser combler de plus en plus le cœur par l'esprit de Dieu, en vue d'être transformé. C'est un chemin qui nous mène à toujours plus de transparence à l'Esprit de Jésus-Christ. Il emprunte l'itinéraire de l'attention, du silence, de la contemplation, de la prière et de l'ascèse. Tels sont les moyens concrets qui nous font progresser.

    La tradition chrétienne en comprend de nombreux et tous s'emploient à nous mener vers le même but : ouverture à Dieu et transformation par l'Esprit divin. Les uns avancent sur une voie balisée d' actes liturgiques ; d' autres suivent le chemin du silence et de la solitude, d'autres  encore le chemin de l'amour du prochain, d'autres enfin celui de l'ascèse et d'une radicale discipline individuelle. Dans toutes ces démarches, l'important est que je ne tourne pas en rond autour de moi et de ma progression, mais que je m'achemine vers Dieu, comme étant la réalité toujours plus intense, et que je m'ouvre à son indicible amour. Il est important que cette voie soit fructueuse pour le monde et qu'elle me conduise vers les hommes.

    De quelque manière, tout homme suit un chemin spirituel, car chacun fait, en avançant dans la vie, des découvertes spirituelles. Le danger est de se prendre pour supérieur à son prochain et de le faire savoir: « Vous ne vous rendez pas compte ! Votre vie est superficielle. Moi, je suis engagé sur la voie intérieure. C'est fou ce que je peux vivre ! » Quand on entend de la sorte son cheminement spirituel, on n'a rien compris de l'itinéraire proposé par Jésus. Jésus nous dit dans la parabole du serviteur inutile: "Quand vous aurez fait ce que vous deviez faire, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles; nous n'avons fait que ce que nous devions faire" » (Lc l 7 , 10). 

    Il faut que le chemin spirituel passe par la vie quotidienne. Il consiste à faire tout bonnement ce qui s'impose à moi, ce que je dois faire à l'instant, ce qui répond à moi et à ma nature, ce que je dois faire à l'égard d' autrui et de Dieu. La tradition chinoise ne dit rien d'autre: « Le Tao, la voie intérieure, est l'ordinaire. » Si je cherche sur mon chemin spirituel à m'élever au-dessus d'autrui, je ne suis pas rempli de l'Esprit de Jésus, mais de celui de l'orgueil. Je me rengorge de mes idées spirituelles et manifeste une totale incompréhension du chemin tel que Jésus l'entend. Dans sa Règle, saint Benoît nous appelle, nous les moines, à une spiritualité très quotidienne. Selon Benoît, la spiritualité se décide, non pas dans des pieux sentiments, mais dans ma disponibilité au travail, à la vie concrète, à l'emploi du temps et à la prière commune.

    Il faut que la spiritualité soit concrète. Elle se révèle dans l'organisation de la vie quotidienne à travers des rituels bénéfiques. Elle se manifeste dans un rapport affectueux avec ses semblables, dans la disponibilité à offrir son aide à qui a besoin de moi et dans le travail conçu pour le service des humains et non pour celui de ma propre image.

    Selon saint Benoît, c'est toujours à son labeur quotidien que l'on voit si un homme mène une vie spirituelle, à sa manière de traiter les réalités terrestres, à sa façon de rencontrer son semblable, d'organiser son temps, et non pas au soin qu'il prend de lui-même. On voit clairement si, en toutes ses  occupations, il est question de lui ou en définitive de Dieu. Selon Benoît, le but de toute spiritualité est « la glorification de Dieu en toute chose ». Et il recourt à ce principe dans sa Règle précisément dans le chapitre très pratique sur les artisans. A la façon dont ils travaillent et dont ils gèrent les produits de leur labeur, se manifeste s'ils se laissent guider par l'âpreté au gain et l'envie, ou alors s'il y va pour eux de la glorification de Dieu.

    Anselm Grün - Réponses aux grandes questions de la vie - DDB 2009 pp.182-184