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je confesse à dieu

  • On demande des pécheurs 16

    Série de textes tiré du livre de Bernard Bro, O.P : "On demande des pécheurs" Cerf, Ed 2007. Première édition 1969

    (...)

    [105]

    Le retournement chrétien

    (...) Choisir la miséricorde, c'est choisir les autres. Cette réflexion sur le choix de la miséricorde - première et dernière démarche du chrétien - nous met au cœur de la pénitence qui est inséparablement retour à Dieu et retour à nos frères. Il est impossible - nous l'avons dit en parlant de David et de l'enfant prodigue - de séparer nos deux partenaires : Dieu et les autres.

    Le " Je confesse à Dieu " s'ouvre par une demande de pardon à tous les saints, à la communion des saints et se termine par une confession " à vous mes frères ", c'est-à-dire à toute l’Église. Si je suis constitué Fils de Dieu, c'est pour devenir frère des autres et donc pour jouer un rôle dans la communauté des frères. Le péché est toujours un manque à ce rôle et la communauté en souffre. Le péché de David et le péché de l'enfant prodigue ont été une brisure qui atteignait inséparablement le Père, la communauté et la famille. Tout péché est rupture d'une relation. Nous dirions volontiers ceci par comparaison avec la vie de prière. Quant sainte Thérèse d'Avila cherche le seul signe qui ne trompe pas sur la prière, elle conclut que c'est sortir de la prière en désirant davantage ce que Dieu veut. Or l'un des signes qui trompe le moins sur la vérité de la confession est d'en sortir en voulant un peu plus écouter ce que nos frères attendent de nous. 

    Si nous nous confessons devant quelqu'un, c'est bien sûr pour affirmer que c'est avec nos frères, avec toute 106 la communauté des croyants que l'amitié de Dieu, restaurée par le pardon, nous réintègre. Mais dire ceci ne suffit pas à exprimer toute la richesse communautaire de la pénitence. Il y a beaucoup plus. Et nous ne sommes pas sûrs qu'à vouloir actuellement remettre de façon trop courte l'accent sur le " communautaire ", on ne tombe pas dans une anémie de ce sens communautaire lui-même.

    Ce sacrement est en effet le lieu privilégié pour manifester la grande vérité nouvelle du christianisme. Il y a une interaction entre ce que nous faisons aux autres et ce que Dieu nous fait.

    Quand le Christ dit : " Ce que vous avez fait au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous l'avez fait ", ou  : " De la mesure dont vous mesurez, on mesurera pour vous en retour ", ou lorsqu'il nous invite à aimer comme lui, c'est-à-dire comme son Père aime, nous touchons à ce qui est peut-être le secret du retournement chrétien ; non plus : " Ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse à toi-même ", mais : "Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que Dieu te fasse à toi-même. "

    " Pardonne-nous, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés " : aller se confesser, c'est non seulement rentrer dans la communion de ses frères, mais c'est vouloir partager le regard de Dieu sur ses frères. c'est donc accepter l'intervention du Christ et partager avec nos frères son énergie dans la lutte contre le mal qui est en nous, permettre à Dieu de libérer en nous toutes les possibilités de pardon et d'amour, accepter d'être à son image.

              P. Bernard Bro, o.p

     

    A suivre... Le prochain post concernera l'examen de conscience. Ainsi se terminera, au seuil de la Semaine sainte, cette série tirée de ce livre du Père Bernard Bro, "On demande des pécheurs", livre réédité, à lire, à relire tant c'est profond.