" Va, ta foi t'a sauvé."
Cette phrase est étonnante à un double titre. Jésus ne dit pas: Ta foi t'a guéri, mais Ta foi t'a sauvé, ce qui montre bien que la santé du corps est le signe d'un relèvement de la personne tout entière. En atteignant les corps, Jésus rejoint les cœurs. Il ne s'agit pas seulement de l’intervention d'un guérisseur plein de compassion, mais de l'action du Sauveur qui rétablit la personne non seulement dans son intégrité physique mais dans sa relation aux siens et à Dieu.
C' est pourquoi une telle action ne peut se faire sans la libre décision de celui qui en est le bénéficiaire. D'une façon étonnante, l'expression « Ta foi t'a sauvé» présente aussi l'homme guéri comme l'auteur de son salut. Jésus s'efface, il attribue la guérison non à lui-même mais à celui qui a cru, car il discerne dans ce qui vient de se passer l'action de son Père partageant sa force à celui qui croit. On retrouve ici l'effet, si je peux dire, de la discrétion de Dieu. Elle nous situe dans une perspective d'alliance: elle appelle et suscite la foi qui permet au croyant d'entrer en relation et en communion avec Dieu, et Dieu lui partage sa vie et le rend participant de sa force.
Tel est l'un des messages des miracles évangéliques. Les circonstances rendent parfois très difficile l'acceptation de ce message car, si la foi peut beaucoup, il lui est parfois aussi beaucoup demandé.
Bernard Rey - La discrétion de Dieu - Cerf 1997, p.68