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ecclésiologie

  • notre adhésion à l'Eglise

    (...) Notre adhésion de foi à l'Eglise peut comporter des parasites, des virus, qui l'infectent. Nous formons alors une Eglise d'irresponsables, une masse de chrétiens irresponsables, la responsabilité étant réservée à certains membres de l'Eglise, regroupés au sein du clergé. Ce système-là, le clérical, est celui de tous les totalitarismes (car il y a aussi des cléricalismes politiques). Comment sortir de cette situation ? Ce n'est pas en l'inversant simplement, comme font certains laïcs qui jouent au curé et qui ne sortent pas du cléricalisme en entretenant un ressentiment contre le clergé.

    Cet infantilisme peut parasiter un immense groupe comme celui que forme l'Eglise. Les déperditions sont alors terribles. Il faudrait faire l'histoire de l'irresponsabilité organisée dans l'Eglise - des historiens et des sociologues l'ont déjà d'ailleurs tentée. Nous demandons souvent à l'Eglise de nous décharger de nos responsabilités, justement. Nous lui demandons des réponses toutes faites qui nous tireraient automatiquement de l'angoise existentielle. Or, l'angoise d'exister peut-être positive si j'y réponds par moi-même, ce qui ne veut pas dire par moi seul.

    (...)

    Il peut y avoir une adhésion à l'Eglise pour participer à une puissance collective. Il n'est pas douteux que dans le passé, les Eglises ont été des puissances du monde, des puissances culturelles et des puissances politiques, directement ou indirectement. Le contraire aurait été étonnant. Du fait de son existence dans le monde, un groupe énorme a nécessairement une influence politique et culturelle. La question se pose : "Que fait-on de cette puissance ? La considère t-on comme l'essentiel ? Ne fonde-t-on pas son espérance sur cette puissance ?" - ce qu'il ne faut jamais faire car c'est de l'idolâtrie.

    Or, beaucoup de chrétiens, dans leur inconscient, adhéraient à l'Eglise parce qu'ils avaient la satisfaction de participer à un groupe puissant et qu'ils interprétaient cette puissance comme une puissance politique, ou comme une puissance culturelle, ce qui fait plus "distingué" que le politique, mais ne vaut guère mieux dans la mesure où il s'agit de domination. (...)

    La "chrétienté" aussi possède le pouvoir de créer l'illusion. Quand un groupe chrétien est assez considérable, assez massif dans une région ou un pays (comme c'est arrivé dans les siècles passés où presque tout le monde était chrétien, ceux qui ne l'étaient pas faisant parfois semblant de l'être pour avoir la paix), on se dit, implicitement : "Voilà, l'avenir de la foi est assurée !" Tous les gestes sont chrétiens dans les églises, dans les familles, dans les relations...Or, il s'agit dans les faits d'une illusion de chrétienté, une illusion assoupissante qui nous fait oublier que l'éducation de la foi est une éducation de la liberté, dans le rapport à Dieu et aux autres, et qu'une éducation de la liberté ne peut se faire par le seul conditionnement. (pp. 50-53)

    Pierre Ganne - " Etes-vous libre ?" Ed. Anne Sigier 2008 - ISBN 978- 2 - 89129 - 556 - 7