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Faites attention à ce que vous entendez (2/3)

[74] Nous voilà donc prévenus qu'il y a là, dans ce que dit Jésus, quelque chose qui vaut la peine d'écouter.

En général, nous n'aimons pas écouter. Voyez ce qui se passe lors d'une discussion, ou même lors d'une interview de journaliste : on se coupe constamment la parole. Chacun veut placer - et faire prévaloir - son point de vue, sa vérité. On ne laisse pas l'autre s'exprimer, on le contredit avant qu'il ait terminé. Chacun se refuse d'entendre - et même de laisser entendre - ce que l'autre veut dire. En somme nous n'aimons pas ce qui ne vient pas de nous-mêmes, nous n'aimons pas et ne savons pas écouter, faire taire nos propres voix pour essayer aussi de saisir celle de l'autre.

Si les humains sont si peu capables de s'écouter les uns les autres, on est en droit de se demander comment ils vont pouvoir écouter une voix autrement étrangère, je veux parler de celle de Dieu, que Jésus est venu essayer de nous faire entendre. Celui  qui n'écoute pas se condamne lui-même à tourner toujours dans le même cercle , comme un lion dans sa cage : on n'en sort pas, on se retrouve toujours seul avec soi-même, on est perdu.

L'Evangile, le message proclamé par Jésus, c'est justement une autre voix qui cherche à se faire entendre  de nous ; une voix qui vient d'ailleurs que de nous-mêmes, qui nous apporte  quelque chose d'autre de différent, quelque chose de neuf : une voix qui apporte aux humains le salut.

Voilà pourquoi Jésus dit à ceux qui sont autour de lui : Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende ! Faites attention à ce que vous entendez.

Dans notre monde, envahi parce ce qu'on appelle les médias, on nous sollicite à longueur de publicité pour que nous achetions ceci ou que nous votions pour celui-là. Mille voix cherchent  à se faire entendre, employant les techniques les plus astucieuses pour forcer notre attention par toutes sortes d'images séduisantes ou de slogans accrocheurs. En nous disant Faites attention à ce que vous entendez , Jésus ne nous invite pas à ne rien manquer de tous ces messages qui nous parviennent, à écouter tout et n'importe quoi. Il nous appelle simplement  à prêter attention à la seule voix qui nous donne une chance de sortir de nous-mêmes et de découvrir enfin autre chose, une autre vie, un autre avenir. Il nous invite à saisir le salut. Faites attention à ce que vous entendez.

Marc enchaîne aussitôt avec une autre parole de Jésus : La mesure dont vous vous servez servira de mesure pour vous signifie alors : " Tout ce que, en écoutant Jésus, vous saisissez du mystère du monde nouveau de Dieu, tout cela, Dieu vous le donne, pas moins." Et Jésus ajoute cette promesse : et Dieu y ajoutera encore. [76]. Ainsi plus nous écoutons et mieux  nous faisons passer dans notre vie ce que Jésus nous dit du monde nouveau de Dieu, mieux et davantage ce monde nouveau prend pied chez nous et y fait entrer sa rayonnante nouveauté. 

Enfin cet appel pressant à écouter et cette promesse à ceux qui écoutent, Marc les couronne par une dernière sentence de Jésus : A celui qui a, il sera beaucoup donné ; et à celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera retiré. Cette dernière sentence de Jésus est formulée de manière assez générale et impersonnelle. Elle a toutes les apparences d'un dicton  populaire  comme on en trouve dans presque  toutes les langues. Il existe, par exemple, un dicton arabe qui dit à peu près : " Qui possède du lait reçoit du lait ; qui possède de l'eau reçoit de l'eau." Ce qui pourrait vouloir dire : on n'obtient jamais que ce qu'on possède déjà.  En français vous connaissez le "On ne prête qu'aux riches". La parole de Jésus a le même aspect de sagesse populaire : A celui qui a il sera donné ; et à celui qui n' a pas, même ce qu'il a lui sera retiré. Cette sentence, bien connue, ne manque pas de faire peur. Elle semble en effet légitimer une injustice qui choque et paraît même contredire tout ce que nous connaissons par ailleurs de Jésus. C'est vrai que, prise isolément, cette sentence est quelque peu révoltante. Pourtant même si Jésus l'a empruntée telle quelle à la sagesse populaire, il la cite toujours dans une situation bien précise et lui donne ainsi un sens nouveau. Pour Matthieu, par exemple, elle conclut la parabole  des talents. Elle devient alors un avertissement adressé aux disciples d'avoir à faire valoir le trésor que le Maître leur a confié. 

Chez Marc, Jésus l'utilise pour conclure son appel à écouter. Et du coup elle perd ce qu'elle pouvait avoir de choquant ou de sévère. Elle devient bonne nouvelle : A celui qui a il sera donné. Autrement dit, celui ou celle qui aura accueilli le monde nouveau de Dieu en écoutant Jésus, recevra plus encore qu'il ne pouvait l'espérer ; il sera   comblé au-delà de toute attente. Par contraste les autres passent à côté de l'essentiel, ils perdent tout : tout ce qu'ils ont entendu mais non pas écouté, mais aussi tout ce qu'ils  avaient jusqu'alors et qui se révèle désormais sans valeur devant la grande nouveauté que Jésus apporte. Leur cas , Jésus l'avait déjà évoqué dans la parabole du Semeur, lorsqu'il parlait des grains de blé tombés le long du chemin, dans le terrain pierreux ou parmi les épines. Leur cas est même assez fréquent, et Jésus l'évoque sans plaisir : dans un certain nombre de cas la semence est perdue. Il n'empêche que, lorsqu'elle réussit, les résultats dépassent toutes les espérances.    

A suivre....post suivant

 

Jean-Marc Babut - Actualité de Marc - Cerf 2002, coll. Lire la Bible

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