Jésus n'exige pas que nous nous sacrifions sur l'autel de notre rigorisme ou de notre perfectionnisme. Trop nombreux sont ceux qui pensent plaire à Dieu parce qu'ils s'infligent des souffrances. Mais Dieu nous accorde sa grâce sans nous demander aucun sacrifice, car il est bon et miséricordieux envers nous. Lorsque nous acceptons avec reconnaissance la grâce qu'il nous donne, nous réagissons spontanément par la miséricorde envers nous-mêmes et envers les autres. Le sacrifice est une violence exercée contre nous, il mène à l'autodestruction et pourtant certains cherchent ainsi à infléchir Dieu. Il existe en effet, profondément ancrée en nous, la peur que Dieu ne nous veuille pas que du bien. C'est la vision pessimiste que nous avons de nous-mêmes qui génère cette angoisse, car, en fait, nous ne nous voulons pas que du bien, nous ne nous acceptons pas tels que nous sommes ; nous nous jugeons et voulons correspondre à un personnage qui n'a rien à voir avec nous. Contre ce pessimisme et cette représentation sévère de Dieu, Jésus parie sur la miséricorde.
Anselm Grün - Les huit secrets du bonheur - Salvator 2008, p. 98