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  • On demande des pécheurs 09

    Série de textes tiré du livre de Bernard Bro, O.P : "On demande des pécheurs" Cerf, Ed 2007. Première édition 1969

    (...)

    [68]

    Pourquoi se confesser à un homme ?

    (...) Pourquoi nous accuser de péchés que nous connaissons trop à quelqu'un qui ne sait rien de nous-même ? Et nous éprouvons souvent ce décalage, en effet, entre les idées d'un prêtre - trop rigide ou trop strict à nos yeux, ou bien, au contraire, trop large - et nous, pénitent qui, de notre côté, essayons de nous adapter, d'arranger nos fautes en fonction de cet homme. Que répondre s'il nous dit, par exemple, en face de tel aveu qu'il est capital, alors que pour nous cela nous apparaît sans importance, ou bien l'inverse ?

    Certes, le confesseur reste un homme, capable de bien des erreurs... qui font sourire quand elles ne sont pas douloureuses : une grand-mère s'entendra recommander d'être sage en classe, ou bien une veuve de bien accomplir son devoir conjugal... On peut multiplier les exemples ; ils restent à la surface.

    [69] La réponse tient en cette découverte que le prêtre est là pour nous rappeler ce qui est le plus difficile à croire dans notre vie, que nous sommes aimés. En effet, si Dieu a pris un visage, s'il est venu à Noël, s'il est venu pleurer avec nous, s'asseoir avec nous à la table de la paix, c'est pour la même raison que le prêtre est là : pour nous redire que le Christ nous aime assez pour que nos péchés n'existent plus. Alors, au-delà de la fatigue du prêtre, ou de son incompréhension, au-delà de ses limites ou des pauvres clichés qu'il a à offrir  à celui qui vient le trouver, pourquoi ne pas lui redire de temps en temps que nous venons chercher la paix de Dieu , la lumière de l’Évangile dont nous avons besoin ? Le prêtre et le chrétien sont ensemble, à genoux devant la même croix, celle du Christ, demandant ensemble, l'aide de Dieu.

    (...)

    [70] Peut-être est-on bien persuadé dans l'abstrait, que Dieu est tout-puissant, fort, bon, éternel, provident, mais par la confession, on va le découvrir expérimentalement, concrètement. On peut enfin savoir comment Dieu est un autre, en vivant une action commune avec lui.

    Que Dieu est tout, bien sûr nous sommes bien obligés de l'admettre, s'il est Dieu. Mais il s'agit de nous convaincre qu'un dialogue est alors possible avec lui. Il s'agit d'être assuré, de façon concrète, précise, que cet " Autre " existe pour nous - certes infiniment proche et infiniment différent, en même temps. Voilà pourquoi la confession nous est proposée, et si l'on ne se confesse [71] plus, on en arrive un jour fatalement à la conclusion que nous n'existons pas pour Dieu.

    Alors, si nous existons, et si nous agissons, il faut en conclure que Dieu compte sur ce dialogue, sur cette action, qu'il en a besoin et qu'il ne peut plus faire sans nous ce qu'il a décidé de faire avec nous. (...)

    A suivre...

    P. Bernard Bro o.p